Depuis la levée des betteraves, les planteurs sont sur les dents. Certains lancent des cris d’alarme sur les réseaux sociaux, les autres expriment leurs angoisses auprès de leurs conseillers agricoles ou encaissent en silence, croisant les doigts pour que les insecticides soient efficaces : un vrai chemin de croix !
Le ras-le-bol monte au fur et à mesure que les pucerons se multiplient. Car si cette infestation inédite par son intensité s’explique par un hiver très doux, elle est surtout la conséquence de l’interdiction des néonicotinoïdes en enrobage des semences. Une décision réglementaire dogmatique que beaucoup de betteraviers ne comprennent pas.
Rapidement la CGB et l’ITB ont obtenu la possibilité d’utiliser le Teppeki dès le stade deux feuilles, le 29 avril dernier. Saluons le ministère de l’Agriculture qui a été très réactif. Mais face à des niveaux d’infestation comme nous les connaissons actuellement, la limitation à trois passages peut s’avérer insuffisante. La CGB et l’ITB ont donc demandé la possibilité d’appliquer un traitement supplémentaire de Teppeki ou de Movento pour protéger, en cas de besoin, les betteraves jusqu’à la couverture du sol.
Cette demande est un pis-aller, multiplier les passages d’insecticides n’est pas une solution ! Sortir le pulvérisateur à tout bout de champ n’est plus dans l’air du temps : c’est insatisfaisant, tant d’un point de vue environnemental qu’économique. Par rapport aux néonicotinoïdes, le surcoût de trois passages représente 80 € /ha, soit près d’un euro la tonne de betterave ! Trois traitements sans garantir une protection optimale des betteraves, c’est prendre trop de risques.
Nous investissons 250 à 300 euros dans la semence et dès le stade deux feuilles notre marge peut être anéantie par des ravageurs omniprésents après seulement huit jours de culture. À sacrifier certaines matières actives, nous multiplions le nombre d’interventions de produits moins efficaces. Sachons tirer les leçons de ce constat pour continuer à diminuer nos IFT et tendre vers la certification haute valeur environnementale (HVE).
Les néonicotinoïdes restent la meilleure solution technique actuelle. Leur retour paraît indispensable alors que leur interdiction totale est gravée dans la loi française. Les pouvoirs publics doivent nous sortir de l’impasse dans laquelle ils nous ont poussés. Il est en effet urgent d’apporter une réponse crédible économiquement, car je perçois du découragement chez de nombreux planteurs. De la même manière, il est de la responsabilité de l’État d’envisager la création d’un fonds d’indemnisation pour les betteraviers les plus touchés par la jaunisse.