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On se souvient de la flambée du mois de septembre, lors duquel le marché du sucre a pris 20 % en un mois : un record ! En octobre, à l’inverse, le marché semble pris de torpeur : il est resté quasiment stable tout le mois.
Mais derrière cette stabilité, on notera deux évolutions importantes.
La première concerne les spéculateurs : ils ne sont plus en support pour le marché. C’est l’inverse, même : après avoir commencé le mois acheteurs nets de sucre (+0,7 Mt), ils le terminent nets-vendeurs (-0,7 Mt) – et cela n’a eu, jusqu’à présent, aucun effet baissier sur le marché – une excellente nouvelle !
La seconde concerne la monnaie brésilienne et le pétrole : leurs évolutions, sur le mois, auraient dû pénaliser la valeur du sucre. Et, encore une fois, cela n’a pas été le cas. Pourtant, cela a tangué : le baril de Brent, d’abord, a perdu plus de 8 % sur le mois, et le Réal ensuite, a, lui, perdu 3,5 % face au dollar. Il frôle même désormais les 5,99 BRL/US$ : une chute de 20 % en un an et un nouveau record historique qui permet au géant Sud-Américain de gagner en compétitivité à l’export… Au moins sur le court terme.
Du coup, la stabilité du marché du sucre sur le mois (-0,6 % pour le sucre raffiné, -0,4 % pour le sucre brut) sonne comme une consolidation des gains de septembre. Cela est probablement dû au fait que les analystes anticipent que l’entrée en campagne sucrière de l’Asie (Inde, Thaïlande) ne se traduira pas par un afflux de sucre sur le marché mondial. Le surplus éventuel indien ne devrait en effet que servir à atteindre son objectif en bioéthanol (l’ambition, pour 2025, est d’atteindre 20 % de bioéthanol dans les carburants). L’analyste S&P a affiné son bilan mondial 2024-2025 (Oct/Sept) à un surplus revus à la baisse (+2,0 Mt) avant un déficit, sur 2025-2026, pour l’instant chiffré à -2,0 Mt.
Enfin, la stabilité du sucre doit être également vue dans un contexte baissier des céréales (-2 % pour le maïs, -3 % pour le soja et -5 % pour le blé), et même du fret (- 5 % pour le supramax).
Bref, la stabilité du sucre sur le marché mondial, en octobre, sonne bien comme une prouesse – presqu’aussi remarquable que l’évolution de septembre ! Et cette stabilité pourrait donc n’être que provisoire. C’est particulièrement vrai pour le sucre raffiné, qui semble avoir du mal à suivre les mouvements du marché directeur qu’est le sucre brut : la prime de blanc (différence entre le sucre raffiné et le sucre brut) est autour de 75 $/t, c’est la moitié de sa valeur ‘habituelle’. Peut-on donc espérer une hausse, à venir, pour le sucre blanc ?
C’est peut-être ce qu’anticipent les opérateurs européens. En effet, le spot, sur ce marché montre de réels frémissements haussiers. Certes, ce marché, dont les informations de prix sont transmises par S&P de manière hebdomadaire et après enquête auprès d’opérateurs, repose sur bien peu de volume. Mais il donne une tendance. Et alors que ce marché affichait un prix autour de 450 €/t (équivalent sortie sucrerie européenne) en début de mois – son plus bas niveau depuis 3 ans – le voilà qui repart à la hausse. Et pas qu’un peu : il a déjà prix presque 50 €/t en un mois. C’est davantage que la progression du marché mondial sur la période.
Faut-il un voir des craintes de rendements décevants pour la campagne en cours ? La Commission européenne a fait paraître, le 28 octobre dernier, sa dernière prévision de récolte. Une prévision bien étonnante, qui ne lui permet pas de gagner en crédibilité : Elle estime toujours un rendement prévisionnel à 83,5 t/ha en France, alors qu’il semble désormais clair qu’on devrait ne pas atteindre les 80 t/ha. Du coup, sa prévision de production communautaire, qui repose sur un rendement moyen, dans l’Union, à 75,4 t/ha – sois similaire à l’an dernier (75,3 t/ha), devient bien peu crédible…
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