Quelle hausse ! Le sucre brut, sur le marché mondial, a gagné plus de 20 % en moins d’un...
Après la nette hausse du marché du sucre en avril dernier, le marché mondial du sucre a semblé avoir fait une pause en mai, le temps de digérer des informations contradictoires.
Il faut dire que la campagne brésilienne a commencé fort. Très fort, même. Pendant les 6 premières semaines de la nouvelle campagne, du 1er avril au 15 mai, 79 Mt de cannes ont été écrasées dans le Centre-Sud. Ce volume est supérieur de 24 % au volume écrasé l’an dernier à la même époque – et représente quand même deux fois le volume de betteraves transformées en France pendant une campagne entière !
Pas d’euphorie sur le rendement : il est identique à celui de l’an dernier jusqu’à présent. Mais 45 % de cette canne est utilisée pour produire du sucre (le reste allant à l’éthanol) : un niveau supérieur de 7 points par rapport à l’an dernier. Conséquence : la région Centre-Sud a produit, en un mois et demi, 4 Mt de sucre – le double que l’an passé sur la même période !
Mais, pour beaucoup, cela ne semble qu’une avance de calendrier : selon S&P, cela devrait conduire à une production, sur la campagne en cours (c’est-à-dire se terminant en mars 2024), à 42,3 Mt, soit 3,6 Mt de plus que l’an dernier (38,7 Mt). Datagro est bien moins optimiste, anticipant « seulement » 38,3 Mt – anticipant donc une fin de campagne décevante.
Et souvenons-nous qu’une bonne partie de ce sucre sera allouée au bilan mondial de la campagne 2023-2024, lorsqu’on la raisonne sur une base historique européenne (Octobre/Septembre). En estimant une hausse modérée de la consommation mondiale (+ 1,7 % en 2022/2023 et + 1,2 % en 2023/2024), S&P anticipe donc toujours une campagne à l’équilibre, aussi bien sur celle en cours (+ 0,0 Mt) que sur la suivante (+ 0,6 Mt) – et encore, si le climat est clément.
Ailleurs, la situation n’est pas aussi rose. En Inde, S&P anticipe une production similaire à l’an passé (36,4 Mt contre 35,6 Mt l’an passé) pour la campagne qui se terminera en septembre prochain. La Thaïlande est décevante : la baisse de surface ne permet pas d’anticiper plus de 11 Mt de sucre cette année. (-0,3 Mt par rapport à l’an dernier). Enfin, la campagne européenne s’annonce a priori décevante, entre semis tardifs, surfaces stables, et craintes liées à la jaunisse.
Du coup, le marché fait une pause. Les spéculateurs commencent à réduire leurs positions à l’achat : ils sont toujours nets-acheteurs en quantité forte, mais, à 7,3 Mt, la baisse est de 1 Mt sur un mois. Le sucre brut accuse donc le coût, et perd 4 % sur le mois. Le sucre blanc, consommable immédiatement, limite la casse (- 1 %), illustrant que la demande reste forte pour une utilisation immédiate.
En Europe, le marché se tient toujours aussi fortement. Et la fin de campagne s’annonce encore plus tendue… Car, si certains comptaient sur les importations en provenance d’Ukraine pour équilibrer le bilan, ils doivent s’en mordre les doigts : après avoir exporté quelques 0,3 Mt sur l’Union européenne, le pays craint pour sa propre consommation et vient de suspendre toutes nouvelles exportations jusqu’aux prochains arrachages, en octobre prochain…
Le dernier chiffre officiel de livraison du sucre dans notre région de l’Union européenne, à 800 €/t sortie sucrerie, en avril dernier, n’est donc pas appelé à flancher –ni le spot, au-delà de 1 000 €/t sortie sucrerie. Cette dernière valeur servira probablement de référence dans les négociations de vente de sucre pour la campagne prochaine, qui ouvrent en ce moment… Car ce prix, aussi élevé soit-il, ne fait que refléter le prix mondial et les disponibilités dans l’Union…
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