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Le mois de juin a été riche en couleur pour le marché du sucre. Le sucre brut termine le mois au-dessus de 18cts/lb, un niveau que l’on n’avait quasiment pas vu depuis 4 ans. Mieux : cette valeur se tient même jusqu’au terme de mars 2022, et la tendance reste haussière en ce début juillet.
Début juin, l’Organisation Internationale du Sucre (ISO) a publié sa nouvelle estimation de bilan (sur une base Octobre/Septembre, en tonnes telles quelles) : elle anticipe une consommation, sur 20/21, en hausse de 2,1 Mt par rapport à la campagne précédente, et estime donc le déficit en cours à – 3,1 Mt. Plus tard dans le mois, l’analyste FoLicht, qui table, lui, sur une consommation stable, estime ce déficit à – 4,1 Mt (valeur sucre brut), et considère que la campagne qui commencera en octobre 2021 sera à l’équilibre (+0,4Mt). Ces deux chiffres montrent bien les incertitudes concernant les niveaux de consommation, et donc à l’impact de la Covid-19 sur la campagne en cours. Cette vision, floue, de la demande réelle, empêche le sucre blanc de suivre la tendance haussière : la prime de blanc (différence entre les deux valeurs) atteint un niveau historiquement bas, à 50 US$/t, à comparer avec sa moyenne quinquennale à 80 US$/t.
Dans le même temps, le coût du fret explose, et atteint un niveau jamais-vu : l’indice du Supramax (le plus utilisé en sucre) vaut trois fois sa moyenne quinquennale ! Si cela se confirme, c’est que la demande reprend réellement, et le potentiel de rattrapage, pour le sucre raffiné, est donc réel, alors qu’il atteint déjà les 480 $/t jusqu’aux échéances de mai 2022 !
Plus intéressant encore, les spéculateurs ne sont plus les principaux acteurs de la reprise. Ils sont toujours acheteurs, mais, à une valeur nette de 7,4 Mt, on est loin des niveaux atteints en mai dernier (9,0 Mt).
Ce sont bien les fondamentaux qui agissent, ce qui donne de la force à cette reprise.
En effet, les semaines se suivent et la campagne brésilienne confirme les prévisions alarmistes. En moyenne, entre le 1er avril (début de la campagne brésilienne) et la mi-juin, les Brésiliens ont récoltés 12 % de canne en moins que la campagne précédente. Et cela pourrait s’aggraver car la première quinzaine de juin montre que la tendance est pire (-14 % par rapport à l’an passé). Et, comme l’éthanol domestique reste à des niveaux record, grâce à un pétrole au plus haut depuis 2 ans et demi et à une monnaie locale qui reprend des couleurs, le potentiel de hausse reste vif.
Dans ce contexte mondial, le déficit européen se fait de plus en plus sentir. Même si la valeur du sucre, contractualisé avant la campagne en cours, stagne toujours, à 387 €/t en France sur le mois d’avril, le marché du spot continue sa progression et attire les imports : 409 €/t en provenance des pays ACP ce même mois !
D’ailleurs, mêmes les importations au sein de contingents qui doivent payer des droits de douane commencent à être mis à contribution : en juin, c’est presque 15.000 t de sucre qui a été importé avec un droit de douane de 98 €/t, en plus de celui qui n’en paye que 11 €/t, saturés depuis belle lurette (78 000 t). Les volumes restent faibles, mais la tendance est à l’œuvre : il n’y a plus de sucre européen de disponible !
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