Semis tardifs, manque d’ensoleillement, précipitations abondantes, forte pression de la...
Alors que la campagne betteravière se poursuit, l’ambiance en plaine est à la morosité et à l’inquiétude : dans la plupart des régions de production (sud d’Arras), les rendements ne sont pas au rendez-vous. La sécheresse estivale en est la cause principale, avec son cortège d’effet collatéraux : salissement des parcelles, foyers de teignes et d’acariens, charançons. Dans plusieurs bassins, elle est accentuée par la jaunisse et des rotations trop courtes.
La persistance de la jaunisse démontre la nécessité d’avoir une reconduction de la dérogation pour enrober les semences avec des néonicotinoïdes en 2023. Au-delà, cette année 2022 souligne les limites du dispositif mis en place avec la loi de 2020 : les contraintes agronomiques imposées complexifient nos assolements et la gestion des successions culturales, excluant parfois la betterave des rotations. La gestion des intercultures est elle aussi devenue un casse-tête : dans un calendrier agricole déjà chargé, perturbé par une pénurie de carburant, certains agriculteurs sont contraints de suspendre leurs semis de blé pour écimer leurs intercultures arrivant précocement à floraison ! Ce contexte tendu appelle à faire preuve de mesure et de discernement au moment de vérifier le strict respect de toutes ces nouvelles contraintes.
Notre filière ne se construira un avenir que si la rentabilité de la culture de la betterave est assurée. Cette rentabilité passe par une recette betteravière [Rendement x Prix] durablement supérieure à nos coûts de productions.
Concernant le rendement, notre filière peut compter sur un dispositif interprofessionnel solide (ITB, services agronomiques de sucreries et autres partenaires dont les semenciers) qui doit être conforté, car la productivité de demain se construit aujourd’hui.
Quant au prix, qui aurait cru il y a encore quelques mois que le prix moyen pour les betteraves 2022 avoisinerait 35 €/t à 16 ? C’est pourtant une réalité mais c’est aussi une nécessité pour pallier la forte hausse des coûts. Toutefois, au vu des rendements médiocres, la CGB appelle les fabricants à l’améliorer encore. Le signal prix est plus que jamais nécessaire pour sécuriser les surfaces !
Pour la suite, d’autres défis restent à relever. Avec la PAC 2023, la diversité des assolements sera une voie privilégiée pour accéder aux écorégimes. La betterave y aura sa place, tant d’un point de vue économique qu’agronomique. De même, notre culture aura une carte à jouer sur le volet « carbone ».
Enfin, le Plan national de recherche et d’innovation (PNRI) peut être porteur d’innovation et de solutions, notamment génétiques, grâce à la mobilisation des semenciers. Néanmoins, le maintien des surfaces en 2024 et au-delà, nécessitera d’avoir des solutions efficaces assurant une rentabilité à la culture de betteraves, quitte à prolonger la dérogation. La CGB y sera particulièrement vigilante et œuvre dans ce sens au quotidien, avec l’ensemble de la filière.
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