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Le dispositif d’indemnisation des pertes liées à la jaunisse est opérationnel depuis le 8 mars, et pour six semaines.
Au printemps dernier, l’invasion précoce de pucerons nous fait craindre le pire. Nous entrevoyons une situation sanitaire hors de contrôle, et une débâcle économique pour notre filière. Il aura fallu une extraordinaire mobilisation pour revenir à la raison, et comprendre que l’interdiction sans solution fait mourir les acteurs au lieu de les conduire vers la transition agro-écologique. Pour réanimer la filière, il fallait agir « quoi qu’il en coûte ». Avec près de 80 M€ qui leur sont dédiés, les planteurs les plus touchés vont pouvoir respirer, et semer à nouveau.
Dans cette négociation difficile, nous avons fait germer les grands principes d’une gestion des risques efficiente. Et nous l’avons partagée récemment avec le député Frédéric Descrozailles, chargé par le ministre de « faire atterrir le dossier de la gestion des risques » au printemps 2021. La moyenne olympique à 5 ans est caduque. La fréquence des risques climatiques impose d’adopter le potentiel olympique, c’est-à-dire la moyenne des 3 meilleures années. Les aléas se cumulent et sont parfois d’origine différente, comme ce fut le cas cette année avec la sécheresse et la jaunisse. Si nous n’avions pas remis en cause la doctrine et l’interprétation de l’administration française en matière d’assurance, nous aurions subi deux applications de franchise : une sur la sécheresse et l’autre sur la jaunisse…
À force de persuasion, et sous l’épée de Damoclès de la baisse des emblavements 2021, nous avons convaincu l’État d’appliquer une seule franchise pour un sinistre global ayant deux origines distinctes. Cette franchise est de 30 % pour les planteurs assurés, et de 35 % pour les autres. On peut toujours regretter son niveau, ou le fait qu’on ne cumule pas assurance et indemnité de l’État… Mais il faut comprendre d’où l’on vient… Et se féliciter que plus de 40 % des planteurs, assurés ou non, vont accéder au dispositif et être payés sur la base de 26 €/t. La gestion des risques doit être pensée par la profession, et servir d’abord sa résilience de long terme. Les assureurs sont des acteurs indispensables à la mise en œuvre, mais tout dispositif qui servirait leur intérêt financier avant celui des producteurs est voué à l’échec.
Ainsi, la proposition d’une assurance récolte généralisée obligatoire, à coût modéré, mais avec des niveaux de franchise très élevés, fera vivre l’assureur, sans protéger l’agriculteur. Notre secteur mérite mieux.
Depuis 2017, nous travaillons à la création d’un instrument de stabilisation des revenus (ISR). Initialement pensé pour garantir la résilience de la filière en période de prix bas, l’outil a de sérieux atouts pour envisager la gestion du risque sanitaire. Une récente rencontre avec les vice-présidents (es) des trois principales régions betteravières françaises (Hauts-de-France, Île-de-France et Grand Est), a permis d’aboutir à un accord de principe sur une expérimentation régionale, avant une nécessaire mise en œuvre dans le cadre de la prochaine PAC, dès 2023.
Au cours des dernières réformes, les producteurs de grandes cultures ont assez donné : la dérégulation, la diminution des aides ou le transfert à d’autres secteurs mettent la souveraineté alimentaire en danger. Cette crise a été dure, mais elle a permis un débat politique inédit. Nos propositions, hier poliment écoutées, sont maintenant à concrétiser… Quoi qu’il en coûte !
Cyril Cogniard – Président de la commission économique de la CGB
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