Cette question taraude chacun. En tout état de cause, chaque crise est l’occasion d’affiner et d’ajuster les solutions. La contraction de l’activité économique que nous allons connaître sera d’une ampleur que l’on ne mesure pas encore, sans aucun doute d’un niveau jamais observé depuis la Seconde Guerre mondiale. L’effondrement des cours du pétrole et des monnaies émergentes entraîne les prix du sucre et de l’éthanol sur des plus bas historiques. Ayons en tête que, malgré les divers plans de relance des économies, la croissance mondiale risque de rester marquée avec un impact négatif sur les marchés de matières premières et pour nos productions agricoles.
Alors que faire ? Les États-Unis ont d’ores et déjà annoncé un programme de soutien de 19 milliards de dollars pour leur agriculture. Les Brésiliens travaillent avec leur gouvernement pour trouver des solutions. En Europe, il y a plus que jamais besoin d’une réponse coordonnée. Dans la perspective actuelle, il est évident que le budget européen et sa partie dédiée à l’agriculture doivent être à la hauteur des enjeux. Il nous faut également réinstiller l’idée qu’en des temps où
« le marché ne marche plus », la régulation publique trouve son plein fondement. Pour notre filière, quelques premières réponses s’imposent naturellement.
Quand la consommation de carburant et de biocarburant est à l’arrêt, doit-on laisser entrer en Europe de l’éthanol américain à des prix bradés ? Cela alors que la filière a une nouvelle fois fait la preuve de son utilité en fournissant l’alcool désinfectant en période de crise. Est-ce qu’amplifier aujourd’hui le développement de la bioéconomie pour conforter nos filières alimentaires locales et répondre au défi d’une économie bas carbone ne fait pas partie de la solution ? La France dispose de leviers pour développer l’incorporation de bioéthanol dans les essences, tout comme l’Europe doit revoir le carcan imposé aux carburants issus des productions végétales de nos campagnes.