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Au-delà du drame humain qui ne laisse personne insensible, l’invasion de l’Ukraine par la Russie fin février a conduit à une envolée des marchés.
En premier lieu, ceux de l’énergie : le gaz bien sûr, avec un impact potentiel très fort sur notre filière betterave/sucre/éthanol énergivore, mais aussi sur le prix des intrants agricoles, particulièrement celui des engrais. Cela vaut aussi pour le pétrole et donc les carburants : en quelques semaines, leur prix à la pompe a atteint, voire dépassé, la barre symbolique des 2 euros par litre, avec là encore un impact fort sur les coûts de production agricoles.
Le Superéthanol-E85 n’a pas échappé à cette hausse puisqu’il contient en moyenne 30 % d’essence. La mise en place depuis le 1er avril, de la remise gouvernementale de 15 centimes d’euros hors taxes par litre a permis de ramener le prix de l’essence SP95 à 1,75 €/litre environ, à la mi-avril, et celui du Superéthanol-E85 à 0,75 €/litre. Cet écart, parmi les plus hauts jamais enregistrés, a remis en lumière médiatique ce carburant et en renforce l’intérêt économique auprès de nombreux automobilistes, confrontés à un problème de pouvoir d’achat. Avec, comme conséquence, une forte augmentation de la demande tant pour les boîtiers de conversion E85 que pour les motorisations flex-E85 d’origine, notamment proposées par Ford. La filière française est en capacité de répondre à ce surcroît de demande, qui reste modéré au regard de la consommation nationale d’éthanol.
En second lieu, les prix des céréales et des oléoprotéagineux, dont la Russie et l’Ukraine sont des acteurs majeurs sur la scène internationale, sont en forte hausse. Ces tensions font peser des risques de pénurie dans certains pays et y ravivent le spectre d’émeutes de la faim. Il en résulte que certaines voix s’élèvent pour suspendre ou réduire la production de biocarburants de première génération dans l’Union européenne. En oubliant qu’ils sont un élément de sécurité alimentaire. En effet, leur production est indissociable de la production alimentaire, d’une part à travers les synergies industrielles qui renforcent la résilience des filières sucrières et amidonnières, d’autre part par le biais des coproduits (drèches, tourteaux et pulpes) qui fournissent le marché de l’alimentation animale, le plus souvent en substitution de produits importés riches en protéines. Et en oubliant aussi que réduire la consommation de biocarburants renforcerait la dépendance aux énergies fossiles importées, notamment de Russie ! Et contribuerait aussi à augmenter nos émissions de gaz à effet de serre.
Il importe donc d’évaluer tous les impacts de telles mesures et leur pertinence, en veillant à préserver l’équilibre économique des filières concernées. Cette règle vaut aussi pour le cadre réglementaire européen, qui impose à chaque Etat membre un plafond unique de 7 % d’incorporation de biocarburants conventionnels. Alors que certains pays en sont loin, d’autres, comme la France, pourraient contribuer davantage à décarboner les transports européens si ce plafond était mutualisé entre les 27, offrant ainsi plus de flexibilité et de subsidiarité à chacun.
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