Beaucoup de mes collègues producteurs de pommes de terre dans le Pas-de-Calais se posent la question s’il faut, au terme du contrat engagé avec leur coopérative, baisser les surfaces de betteraves, voire arrêter la production tant la crise du cours du sucre est grave.
La question est loin d’être ridicule, d’autant que l’industrie agroalimentaire très développée et la proximité de la Belgique offrent de nombreux choix de culture de substitution dans notre département. Si je me cantonne à la culture de la pomme de terre, celle-ci a fait un bond de plus 50 % en dix ans et tout laisse à penser que cela ne va pas s’arrêter face à la demande industrielle, qui tire essentiellement le marché.
Mais attention ! Si la dynamique en termes de revenus est relativement bonne ces dernières années, l’équilibre reste extrêmement fragile. Sans accident climatique, les prix risquent de s’effondrer très rapidement. Pour preuve, cette année, pourtant très sèche, les prix ont chuté de moitié. Une étude a démontré que 1 % d’offre excédentaire faisait baisser les prix de 7 %. Pour un excèdent de 2 % la baisse est de 14 % et quand on passe à 3 %, les prix chutent de plus de 25 % !
De plus, par rapport à la betterave, le cahier des charges des industriels ne cesse de s’alourdir en pomme de terre. Qu’il s’agisse de la qualité du tubercule, du stockage, de l’irrigation, des seuils résidus, de l’aspect sanitaire, etc., tout est à la charge du producteur. Pour parfaire le tout, l’an prochain, avec la fin du CIPC et du Réglone, les coûts s’accroîtront de plus de 500 €/ha. Et il ne faudra pas s’attendre à beaucoup de clémence des transformateurs si la qualité n’est pas au rendez-vous.