Semis tardifs, manque d’ensoleillement, précipitations abondantes, forte pression de la...
Juin est traditionnellement le mois durant lequel les groupes sucriers communiquent les prix de betterave de la campagne qui s’achève. Le cru 2022 s’avère bon, avec une moyenne nationale qui devrait se situer autour de 43 €/tonne à 16, pulpe comprise.
C’est une très bonne nouvelle à plusieurs titres. Tout d’abord parce que les rendements 2022 ont été décevants, en raison de la sécheresse, tandis que nos coûts de production ont augmenté. Produire des betteraves sucrières en 2023 mobilise en moyenne 3 000 €/ha, soit une hausse de 35 % par rapport à 2020. De bons prix étaient nécessaires pour assurer une rentabilité à la culture.
Ensuite, ces prix redonnent de la visibilité et de l’optimisme aux planteurs, après une succession de campagnes difficiles, affectées par des crises économiques, sanitaires et climatiques. Toutefois, l’incertitude sur les rendements demeure, du fait de moyens de production toujours plus contraints, en particulier pour protéger nos betteraves contre les pucerons et la jaunisse. Des solutions techniques et agronomiques sont attendues à moyen terme mais ne sont pas encore opérationnelles à ce jour.
Enfin, ces bons prix constituent un signal très positif pour enrayer la baisse continue des surfaces betteravières dans notre pays ces dernières années : avec environ 370 000 hectares semés en 2023, la sole betteravière française est en repli de 25 % par rapport à 2017, menaçant la première place européenne occupée par la France.
Les prix 2022 résultent directement d’une embellie des marchés du sucre, qui reste pleinement d’actualité en 2023 : porté par des fondamentaux solides sur le marché mondial et le maintien d’un déficit significatif sur le marché européen, le prix du sucre reste au plus haut. Ces derniers mois, celui du gaz s’est fortement replié, retrouvant son niveau d’avant-guerre en Ukraine. Si cette situation perdure, la rentabilité de notre filière s’en trouvera encore améliorée.
Cette conjoncture pourrait augurer de meilleurs prix pour les betteraves semées en 2023, avec la possibilité d’atteindre des niveaux jamais connus. La situation actuelle de marché – inédite – ne doit toutefois pas impacter le partage de la valeur entre l’amont et l’aval de notre filière, afin de répercuter intégralement le signal prix aux betteraviers.
Certes, nos groupes sucriers vont devoir investir massivement au cours des prochaines années pour poursuivre et accélérer la décarbonation des outils industriels, en réponse aux objectifs européens de neutralité carbone en 2050. Mais nous, agriculteurs, avons aussi de nombreux défis à relever : surcoût des engrais moins carbonés, des semences de variétés toujours plus « tous terrains » et d’une énergie structurellement plus chère, la gestion des aléas climatiques et sanitaires avec une pression réglementaire toujours plus forte pour réduire les intrants, nécessitant une modernisation de nos équipements, etc.
En d’autres termes, nos coûts de production betteraviers risquent de continuer à augmenter. Le maintien, voire le rebond des surfaces, ne peut passer que par des prix de betterave attractifs. Il y va de notre intérêt commun et de l’avenir de notre filière.
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