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Pouvons-nous avoir confiance dans l’avenir de la betterave ?
Un certain nombre d’agriculteurs s’interrogent sur la place de la betterave dans leur assolement, et pourraient se sentir découragés après avoir subi trop fréquemment des incidents climatiques, une pression plus élevée de bioagresseurs, et ressenti avec lassitude a minima les contraintes règlementaires qui s’accumulent.
Mais ne serait-ce pas de la nostalgie face à un contexte nouveau et plus difficile ? Les plus anciens se souviennent du prix élevé des quotas A et B, mais oublient qu’à cette époque, le rendement national moyen était inférieur à 70 t/ha ; les moins anciens se rappellent de rendements élevés pendant la période du quota unique, mais oublient que le prix moyen fut plus souvent proche des 25 €/t ; les cartésiens reconnaissent qu’il y a chaque année un assolement à établir, et que c’est plutôt le présent-futur qui guide la décision, moins le passé.
Objectivement, la betterave supporte-t-elle moins bien les aléas climatiques que les cultures alternatives ? Il nous semble que non, car elle est quasi la seule à ne pas fleurir pendant le cycle annuel de production, ce qui lui permet de poursuivre sa croissance lorsque les autres restent contraintes par un stress hydrique élevé. Autre atout de la betterave : son potentiel important de compensation en cas de faible population, suite par exemple à des gels printaniers, qui lui procure aussi un avantage concurrentiel.
Et sincèrement, connaît-elle plus d’impact des bioagresseurs ou de suppression de solutions phytosanitaires que d’autres espèces cultivées ? Mes collègues des autres instituts techniques s’en inquiètent au moins autant que nous, et cherchent des réponses avec autant d’ardeur. Alors pourquoi sortirions-nous la betterave de nos prochains assolements ? Il y a quand même cette épée de Damoclès sur nos têtes, avec la suppression prévue des néonicotinoïdes (NNI) en 2024.
La recherche de solutions alternatives se poursuit au sein du PNRI (le Plan National de Recherche et d’Innovation Inrae/ITB), et nous y œuvrons avec conviction pour provoquer des synergies entre les 23 projets retenus. Il n’y aura pas une solution miracle unique efficace, mais plusieurs voies à conjuguer, dont la génétique, pour parvenir au succès. Nous les avons mieux qu’identifiées, et il nous reste à finir de les transformer en actions techniquement faciles à mettre en œuvre par le planteur, et viables économiquement. Concomitamment, nous demandons aux pouvoirs publics comment ils comptent accompagner la filière car le risque de jaunisse virale persistera en 2024.
En effet, nous n’oublions pas que la suppression des NNI n’est pas une demande de la filière betteravière, que les NNI sur les semences de betteraves n’ont pas d’impact sur les pollinisateurs, et que l’ANSES a validé l’innocuité de ces NNI en recommandant de telles successions culturales, très contraignantes au demeurant. God save French sugar beet !
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