Semis tardifs, manque d’ensoleillement, précipitations abondantes, forte pression de la...
L’année 2022 illustre parfaitement l’incertitude à laquelle les betteraviers doivent faire face : un bon développement des betteraves durant tout le printemps, avant qu’une longue période sans précipitations ne vienne doucher nos espoirs de bons rendements. Cela devrait conduire à une production moyenne de 80 tonnes de betterave à 16 °, avec de très fortes disparités.
Dans ce contexte, les récentes annonces de prix en hausse par rapport à 2021 sont un très bon signal. Elles répondent à la fois aux rendements décevants dans plusieurs régions et à une hausse importante de nos coûts de production (près de 15 % en 2022). C’est pourquoi la CGB a récemment appelé les industriels à revaloriser leurs prix, dans le respect des règles établies au sein de chaque entreprise.
Notre métier d’agriculteur est fait d’incertitudes puisque nous sommes confrontés à de nombreux risques : risque économique, risque climatique, risque sanitaire, etc.
Ces risques, nous y faisons face de façon différente. Pour l’économique, on diversifie nos productions et leurs débouchés, on recourt à des couvertures ou à des contractualisations anticipées, on fractionne nos ventes. Pour le climatique, il existe un système assurantiel et la réforme en cours de la multirisques climatique constitue une véritable avancée. Pour le sanitaire, nous faisons des choix agronomiques et variétaux adaptés à nos parcelles et nous veillons à la rotation de nos cultures.
L’incertitude sur l’avenir de la production betteravière est forte aujourd’hui et de nombreux planteurs s’interrogent quant à sa poursuite. Ce questionnement est légitime : en plus d’un revenu insuffisant ces dernières années, la crise de la jaunisse de 2020 a constitué un traumatisme important dont nous redoutons la répétition en 2024 et au-delà ; nous subissons des contraintes sur les successions culturales et les molécules autorisées pour protéger la plante se réduisent au fil des ans.
La question de l’engagement coopératif a été au cœur des débats de notre dernier Conseil d’administration. Nos administrateurs coopérateurs se sont exprimés sur ce sujet, considérant majoritairement que l’engagement de 5 ans est trop long ; ils demandent qu’une réflexion puisse s’instaurer dans les coopératives, craignant que l’absence de flexibilité conduise à une baisse des surfaces.
Pourtant, à moyen terme, des perspectives encourageantes existent pour cette culture : nos semenciers annoncent l’arrivée prochaine des variétés tolérantes à la jaunisse, des solutions de biocontrôle se précisent (PNRI), des innovations arrivent pour faciliter le désherbage dès 2023, le déploiement d’outils de gestion du risque est en cours, tels que l’assurance récolte ou l’instrument de stabilisation des revenus (ISR).
C’est donc sur le court terme que notre action doit se concentrer : reconduire la dérogation NNI en 2023, car les solutions ne seront pas encore opérationnelles et mettre au point avec l’État des solutions adaptées pour passer le cap des années 2024 et 2025.
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