En ce début d’année 2021, l’actualité pour notre filière reste dense et se trouve à un tournant stratégique. Le plan de soutien gouvernemental, annoncé au mois d’août et sur lequel nous travaillons avec le ministère depuis des mois, se concrétise. La loi permettant l’usage dérogatoire des néonicotinoïdes est définitivement adoptée et validée par le Conseil Constitutionnel.
Le programme de recherche de 20M€ est en train de se préciser et l’ITB est totalement engagé dans sa construction et sa mise en œuvre. Le ministre Julien Denormandie vient d’annoncer que l’indemnisation au titre des pertes dues à la jaunisse atteindra environ100 M€ et concernera un peu plus de la moitié des planteurs. Nous attendons avec impatience, dans les prochains jours, les détails opérationnels de ce dispositif au vu de la tension sur la trésorerie de nombreuses exploitations. Que de chemin parcouru depuis l’émergence de la jaunisse au printemps dernier ! Si certains en doutaient, voilà un exemple de l’utilité du syndicalisme !
Pour la campagne à venir, l’Inrae, en lien avec l’ITB, a indiqué que le scénario jaunisse 2020 pouvait se reproduire. C’est pourquoi, en s’appuyant sur la nouvelle loi, les ministres de l’Agriculture et de l’Environnement ont proposé un arrêté de dérogation, qui fait actuellement l’objet d’une consultation publique. Cet arrêté, nous en avons besoin au plus vite afin que les semences puissent être disponibles à temps dans nos fermes. Toutefois, on déplore que ce projet d’arrêté, basé sur un récent avis de l’Anses, porte des restrictions difficilement compréhensibles. Pas de maïs ou de pommes de terre l’année qui suit la betterave et, pour les cultures à fleurs, leur retour dans l’assolement n’est pas possible avant la troisième année après betteraves traitées. C’est un coup dur pour la diversité de nos cultures, de nos productions, pour le bol alimentaire des pollinisateurs, les cultures protéiques, le bilan carbone de nos exploitations et pour la portée de cette dérogation vis-à-vis de notre filière. Nous regrettons que la baisse de dosage proposée par la filière n’ait pas été prise en compte, à l’instar de certaines études scientifiques. Nous travaillons avec l’ensemble de la profession agricole, la filière et les instituts techniques pour que les bases scientifiques soient mieux prises en compte et mènent à des aménagements réglementaires.
Nous encourageons vivement tous les betteraviers à répondre à cette consultation publique afin que la réalité du terrain et de nos pratiques puisse être prise en compte. Nous avons su faire bouger des lignes pour préserver notre souveraineté sucrière ; il nous faut poursuivre l’effort pour relancer la filière, alors que les signaux de marché sur le sucre, l’alcool et les pulpes nous permettent d’entrevoir nos perspectives betteravières avec plus d’optimisme.
Je vous souhaite à tous, et à vos proches, une bonne année 2021 débarrassée de ces virus qui nous mènent la vie dure dans notre quotidien et notre métier d’agriculteur.
La Tribune de Franck Sander – Président de la CGB