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Les prix du sucre et de l’éthanol sont à nouveau très bons, et nous l’attendions avec impatience. Mais allons-nous pleinement en profiter ? Les derniers prix publiés par l’observatoire européen soufflent plutôt le froid. 389 €/t départ sucrerie pour le mois de juin, lorsque le marché spot est autour de 500 €/t.
La réalité est simple : les prix spots sont élevés parce que le sucre manque, mais cela profite au sucre d’importation et non aux betteraviers français. Pourquoi ? Parce que la contractualisation fonctionne mal dans notre filière. Nous ne disposons pas des outils pour accompagner les mouvements de marché. Les pratiques contractuelles entre sucriers et acheteurs, qui fonctionnaient bien en période de quota, sont restées inchangées malgré la libéralisation du secteur.
En imposant des contrats pluriannuels à prix fixe en période de cours bas, la seconde transformation a assuré ses marges. Il faut souhaiter que nos coopératives et industriels français aient pu arbitrer ces contrats sur le marché à terme, afin de récupérer par le marché financier ce que les clients ne donneront jamais. Nos compléments de prix en dépendent, tant que le producteur ne pourra pas, par lui-même, comme en céréales, arbitrer son prix sur une partie du volume de betteraves.
D’ici quelque temps hélas – et on espère le plus tard possible -, les cours baisseront à nouveau. Cette fois, les betteraviers n’accepteront plus que les contrats à prix rémunérateurs soient renégociés par les acheteurs de sucre. Ou bien c’est l’agriculteur lui-même qui risque de déchirer définitivement son contrat de production. Car plusieurs années de crise sévère ont fragilisé la production et l’ensemble de la filière.
La proposition de loi Besson-Moreau, qui vise à protéger la rémunération des agriculteurs, propose de garantir la répercussion des prix jusqu’au consommateur final. On ne peut que partager l’objectif, et l’absolue nécessité de se doter d’outils efficaces pour y parvenir. Et vite !
La CGB n’acceptera pas que notre interprofession demande à s’exonérer de l’application de cette loi, sans mettre sur pied un dispositif robuste, aux effets similaires. Car la destruction de valeur condamne les filières à l’agonie, et les producteurs au déclin. Quant au consommateur, son intérêt est évident : continuer à disposer, demain encore, de sucre, d’éthanol et d’alcool sanitaire en quantité suffisante. Le tout avec la garantie sanitaire d’une filière qui est sans doute la plus sûre du monde.
Notre modèle et notre avenir ont un prix.
Cyril Cogniard – Président de la CGB Champagne-Bourgogne et de la commission économique de la CGB
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