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Le marché mondial du sucre se remet doucement d’un nouvel accès de fièvre en septembre. En clôturant au-dessus des 27 cts/lb le 20 septembre, le sucre roux a dépassé un nouveau record, qui n’avait pas été vu depuis 12 ans.
Et ce n’est pas un hasard si, le même jour, les spéculateurs étaient acheteurs-nets de 7,4 Mt.
Il faut dire que, une semaine avant, la Thaïlande annonçait que sa récolte en canne pourrait ne pas atteindre les 70 Mt. C’est une chute de 20 % par rapport à l’an dernier, sous l’effet, certes, d’une baisse de surface au profit d’un manioc qui atteint des sommets, mais aussi d’El Niño dont les effets commencent à s’affirmer. Si l’annonce est vraie, alors on peut s’attendre à ce que le pays peine à produire 9 Mt de sucre : il faut remonter à 2015 pour trouver un niveau aussi bas.
En Inde, les nouvelles ne sont pas meilleures : le gouvernement est toujours silencieux sur d’éventuelles autorisations d’exporter du sucre pour la prochaine campagne, ce qui passe, auprès des analystes, pour une anticipation de rendements bien mauvais.
Du coup, même si la campagne brésilienne actuelle est excellente, cela semble passer inaperçu. Elle sera pourtant très vraisemblablement la deuxième meilleure de l’histoire du pays. Pas vraiment pour cause de bon rendement, mais surtout parce que la production d’éthanol est minimisée : ce débouché souffre de la nouvelle politique de Lula en faveur du pouvoir d’achat des automobilistes. Du coup, 50 % de la canne servira à faire du sucre, un record depuis 2012 !
Résultat : tout le monde anticipe désormais un nouveau déficit mondial en 2023-2024 – le cinquième consécutif…
La tendance haussière va-t-elle durer ? Dure à répondre. Car une telle position à l’achat des spéculateurs peut être lue de deux façons. Les optimises estimeront que l’effet pourrait être haussier, faisant valoir qu’elle est presque deux fois moindre qu’en 2016, et donc qu’elle pourrait encore monter. Les pessimistes mettront plutôt en avant le risque : qu’adviendra-t-il quand les spéculateurs changeront de point de vue ?
En tout cas, le sucre raffiné suit mollement la tendance : la prime de blanc (la différence entre les deux) est désormais autour de 120 $/t – une baisse de 30 % en un mois, soulignant que l’envolée du sucre brut repose sur la spéculation (qui affecte moins le raffiné)… Mais cette prime reste élevée et rappelle le besoin en sucre immédiatement utilisable : elle est supérieure de 40 % à sa moyenne quinquennale !
Du côté européen, la dernière valeur à date reste de la campagne passée : 808 €/t sortie usine française, en août dernier. Les arrachages ont commencé partout en l’Europe, et les avis sont unanimes : on s’attend à un rendement dans la moyenne quinquennale. Il faudra donc bien un peu plus de 2 Mt d’importation pour équilibrer le bilan… D’ailleurs, la Commission l’a annoncé la semaine dernière : les contingents dit ‘CXL’ – ceux qui nécessitent de payer 98 €/t de droits de douane – en provenance du Brésil ont déjà fait l’objet de demande, et sont donc déjà clos, alors que la campagne vient d’ouvrir ! On reste donc sur un bilan qui s’annonce bien tendu…
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Semis tardifs, manque d’ensoleillement, précipitations abondantes, forte pression de la...
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