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Marché du sucre : le sucre raffiné inaugure juin à presque 600 $/t
Le sucre raffiné a gagné 10 % sur le seul mois de mai, et a même frôlé les 600 $/t au début de juin, un niveau qui n’avait jamais été vu depuis 5 ans. Après l’annonce, par l’Inde, de limiter ses exportations de sucre (à 10 Mt tout de même, soit un niveau qui restent bien conséquent), plusieurs pays ont annoncé la suspension de leurs exports (Algérie, Kirghizstan, Kazakhstan) afin de juguler les hausses de prix domestiques. L’effet a été net : la prime de blanc (différence entre la valeur du sucre raffiné et celle du sucre brut) a dépassé les 150 $/t, un record depuis 11 ans !
Le sucre brut est, lui, resté relativement plus calme. Il a tout de même prit 5 % sur le mois, profitant de l’effet conjoint d’une monnaie brésilienne qui gagne 7 % par rapport au dollar, et d’un pétrole qui retrouve son niveau le plus élevé depuis la guerre en Ukraine, autour de 120 $/baril.
Cela a limité l’effet contraire de l’annonce du gouvernement brésilien, fin mai : en permettant aux différents Etats du pays d’ajuster leur politique fiscale en matière de carburant pour soutenir le pouvoir d’achat des automobilistes, la rentabilité de l’éthanol par rapport au sucre pourrait s’en trouver affectée.
Mais les spéculateurs semblent rester confiants sur une poursuite d’un mouvement haussier du sucre. Ils restent nets-acheteurs de 4 Mt. Il faut dire que FoLicht continue d’anticiper en 2022-2023 un quatrième déficit consécutif dans le monde, quand bien même le Brésil augmenterait sa production de 10 %.
Du côté européen, le marché du sucre spot continue sur des records, au-dessus des 870 €/t sortie sucrerie. Certes, il n’y a plus de volume d’échange en cette période de l’année, mais, alors que les négociations sont en cours pour le sucre à livrer à partir de septembre 2023, la situation est à l’avantage des acheteurs.
Cela sera bienvenu, alors que le dernier chiffre en provenance de la Commission européenne ne mentionne un prix livré, en avril dernier, qu’à 436 €/t en France… Une progression de 12 % sur un an, certes, mais qui reste bien faible par rapport à l’environnement mondial !
D’autant que l’on a la garantie que le bilan communautaire 2022-2023 sera déficitaire : avec la baisse des surfaces dans l’Union à 27 (- 2,2 %), le déficit devrait approcher 1 Mt si chaque pays atteint son rendement olympique moyen. Et même en atteignant des rendements record de l’ordre de ceux atteints en 2017, l’Europe resterait à l’équilibre, malgré la perte du marché britannique.
Enfin, l’éthanol pourrait encore limiter l’offre en sucre communautaire. Il bénéficie à plein de la situation du pétrole et de la demande des automobilistes (la part de marché de l’E10 a franchi la barre des 55 % des essences) : il dépasse les 100 €/hl, même sur les échéances du printemps 2023 – on n’avait jamais vu une telle tenue dans les cours sur de si longues échéances, et de quoi valoriser la betterave au-dessus des 40 €/t !
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