On se souvient de la flambée du mois de septembre, lors duquel le marché du sucre a pris 20 % en...
En octobre, et dans la continuité du mois précédent, le cours mondial du sucre a été tiraillé entre deux forces très opposées. D’un côté, les spéculateurs, notamment en se basant sur les fondamentaux, ont eu un fort effet haussier. Et, de l’autre côté, les facteurs macroéconomiques freinent la reprise.
En effet, les spéculateurs sont désormais net-acheteurs de plus de 10,5 Mt, un record depuis 4 ans. Finalement, depuis le début de l’année, ce sont les grands acteurs du marché. Et ce mois encore, ils ont accentué leur influence, mais principalement sur le premier terme du sucre brut (mars 2021). Les autres termes sont plus sages, comme le sucre blanc qui peine à suivre. La prime de blanc (différence entre le sucre brut et le sucre blanc) revient d’ailleurs à des valeurs très basses, autour de 70 $/t.
Ces spéculateurs ont probablement en tête le fait que la balance sucrière mondiale se resserre. Les stocks mondiaux, fin septembre 2021 seront à un niveau qui n’avait pas été aussi bas depuis 2017. Et cela, sans compter un effet La Niña, pourtant considéré comme probable. Mais il faut aussi insister sur le fait que, en cette période économique plus qu’incertaine (Covid-19, élections américaines et Brexit, pour n’en citer que trois), ils ne s’intéressent finalement au sucre que parce que, à l’instar des autres commodités agricoles où ils sont bien actifs, ils n’ont finalement guère ailleurs où aller.
Car évidemment la macro économie souffre. La monnaie brésilienne, le Réal, a, de nouveau, perdu 2,3 % ce mois-ci. Il ne vaut désormais que le tiers de ce qu’il valait il y a cinq ans… Du coup, libellé en Réal, le sucre n’a jamais valu si cher : il a doublé en deux ans ! Sur le cours terme, c’est un véritable coup de boost pour le sucre brésilien, même si les coûts de production en pâtiront sur le long terme. Et cette valeur forte du sucre brésilien en Réal influence même l’éthanol brésilien, qui atteint des niveaux presque records, malgré un pétrole à nouveau à la baisse (on repasse sous les 40 US$/baril) du fait des nouvelles annonces, successives, de confinement.
Alors où va-t-on ? Certes, si les spéculateurs continuent à se montrer aussi gourmands, la poursuite peut durer,peut-être même jusqu’à l’ouverture de la prochaine campagne brésilienne, en avril. Et même plus si La Niña se concrétise : cela signifierait moins de mousson en Inde et trop d’eau en Amérique du Sud et centrale. Et, en effet, les 15 cts/lb sont dépassés, sur le marché à terme du roux, en ce début novembre. Mais si les spéculateurs changent d’avis, alors la chute n’en sera que plus sévère…
Toujours est-il que cela est sans effet sur un marché européen toujours bien lent à réagir. Les rendements catastrophiques français, mais aussi britanniques, rendront l’Union importateur net, dans des conditions importantes (entre 1,5 et 2 Mt, soit comme sous quota). Les contrats de vente de sucre passés pour cette campagne en auront-ils pris l’ampleur ?
Enfin, l’éthanol, qui atteignait des sommets, vient de dévisser avec les annonces de confinement allemand et français. Mais il ne s’agit que du spot, et du marché du carburant : attendons donc une confirmation de la situation !
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