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Les spéculateurs terminent l’année 2022 acheteurs-nets de près de 9 Mt ! Un tel niveau n’avait pas été vu depuis un an et demi, et est une situation suffisamment rare pour être soulignée.
Avec une telle demande des acheteurs non-commerciaux, le sucre brut a atteint des sommets, frôlant les 21 cts/lb en fin d’année, ce que l’on n’avait pas vu depuis 2017. Le sucre blanc n’est pas en reste, et termine 2022 au-dessus de 560 $/t.
Même si les céréales et le pétrole terminent, eux aussi, l’année sur une note positive, les fondamentaux liés au secteur n’y sont pas pour rien.
Nous entrons en effet « dans le dur » de la campagne indienne, car la plus grosse quantité de canne est transformée entre novembre et février. Et les analystes s’accordent à dire que la récolte sera décevante, sans parvenir à la chiffrer exactement, dans ce pays où la canne est cultivée par 5 millions de planteurs !
Le premier à s’y risquer aura été S&P qui, le 19 décembre, a revu à la baisse son estimation de surplus mondial. En 2022-2023 (Octobre-Septembre), l’analyste envisage un surplus de 1,7 Mt, contre 2,9 Mt dans son estimation précédente. Et souligne que cette estimation se base sur un débouché pour le sucre de la canne brésilienne, lors de la campagne qui ne commencera qu’en avril prochain, à hauteur de 45,7 % – le reste étant utilisé à faire de l’éthanol. On fera remarquer que si le pays n’en utilise que 45,0 %, comme c’était le cas sur la campagne précédente, alors le surplus atteindrait difficilement 1,0 Mt. Cela illustre bien la faible visibilité sur la campagne en cours, alors que Lula vient de prendre effectivement la Présidence du pays le 1er janvier dernier : sa politique fiscale sur le prix des carburants – et donc de l’éthanol – sera décisive sur l’orientation du marché mondial du sucre dans les mois à venir.
D’ailleurs, l’observation des valeurs du sucre sur les termes plus éloignés est éclairante : elles perdent 1 ct/lb de manière relativement uniforme à chaque terme un peu plus éloigné de l’autre (mai 2023, juillet 2023 et octobre 2023). On n’observe donc pas de plongeon plus ou moins fort, après l’ouverture de la campagne brésilienne. Les analystes pourraient donc estimer que, même si surplus mondial il y a, il n’est pas sûr que son origine rende le sucre largement disponible aux échanges.
Du côté du marché européen, la première valeur pour la campagne en cours a été publiée par la Commission européenne : en octobre dernier, le sucre a quitté les sucreries françaises à un prix de 560 €/t. C’est presque un tiers plus cher que l’an dernier à la même époque, et les analystes s’accordent à dire que ce n’est que le début. Ce serait logique : avec la nouvelle prime européenne liée au prix de l’énergie pour raffiner du sucre importé sur l’Union, autour de 200 €/t au-delà du marché mondial, on serait en droit de dépasser les 750 €/t !
Enfin, l’éthanol semble atteindre un nouveau pallier, entre 70 et 80 €/hl sur l’Union. La forte demande se trouve confrontée à une production en berne, et à des afflux majeurs d’éthanol d’importation. Selon Eurostat, les imports en provenance du Brésil et des USA auraient doublé en un an, et triplé en provenance du Pakistan !
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