On se souvient de la flambée du mois de septembre, lors duquel le marché du sucre a pris 20 % en...
A retenir de l’été : le sucre brut a profité des spéculateurs qui, en observant les fondamentaux, anticipent un rebond. Il reste néanmoins capé par une monnaie brésilienne en perdition. Le marché européen se tient, grâce à une offre annoncée moindre, et à un éthanol en forme.
Alors qu’ils étaient haussiers, sur le marché du sucre, avant la crise du Covid, les spéculateurs ont traversé la crise sanitaire en étant baissiers, et les voilà à nouveau aussi haussiers qu’avant la crise ! Accompagnant et amplifiant la valeur du sucre, ils sont désormais nets-acheteurs de plus de 6 Mt, et permettent au sucre d’osciller, désormais, autour de 13 cts/lb. Avant la crise, une telle position de la part de ces acteurs avaient conduit le sucre au-dessus de 15 cts/lb. Mais, depuis, la monnaie brésilienne a sérieusement dévissé, et reste à des niveaux (5,6BRL/US$) limitant fortement la poursuite de la reprise.
Pourquoi ont-ils à ce point changé de vision sur le marché ? Premier élément, les chinois sont de retour : ils ont besoin d’importer du sucre, leurs stocks, en début de saison, est le plus faible depuis 2011. Deuxième élément : la demande en éthanol du Brésil est forte, et les prix suivent (+7 % en juillet), dans un contexte de légère remontée du pétrole. La canne est d’ailleurs moins allouée au sucre, sur la dernière quinzaine, qu’elle ne l’était précédemment : cette dernière quinzaine, 62 % de la canne du Centre-Sud a fait de l’éthanol, contre une moyenne, depuis le début de la campagne, à 52 %. Et, troisième élément, les rendements sont prévus bas en Europe, mais aussi en Thaïlande, qui ne produira qu’autour de 8 Mt de sucre : jamais le pays n’avait si peu produit ces 11 dernières campagnes.
Beaucoup d’incertitudes restent néanmoins présentes, notamment sur le vrai impact du Covid en terme en consommation. L’analyste FoLicht estime, pour sa part, un déficit sur la campagne en cours (2019/20) de 6,0 Mt et, sur la suivante (2020/21), de 1,8 Mt. Si cela se vérifie, les stocks mondiaux, dans un an, serait à 38 % de la consommation du globe : on n’avait pas vu ça depuis 10 ans.
Concernant le marché européen, le sucre reste autour de 400€/t sortie sucrerie française, malgré les mauvais rendements à venir sur la campagne 2020/21 : l’UE28 ne produirait pas tellement plus que 16 Mt, soit moins que ce que l’on faisait, en moyenne, sous quota (16,5Mt) ! Avec peu de disponibilité de la part des marchés avec qui nous avons des accords commerciaux, le marché du spot devrait donc se consolider dans les mois à venir, car il faudra faire intervenir des importations sous tarif CXL, donc avec une prime de 98€/t par rapport aux valeurs actuelles…
Enfin, l’éthanol européen bat des records. Dans un contexte de retour quasiment normal de la demande, et de disponibilités réduites, il dépasse, sur le marché spot, les 75€/hl : du jamais-vu.
Sur l’échéance d’octobre, on reste au-dessus des 60 €/hl. Face à un marché mondial en reprise mais toujours faible, l’allocation vers ce débouché devrait donc être optimisée pour la campagne prochaine.
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