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Si l’on devait résumer en un mot l’évolution du marché du sucre, sur le marché mondial, en janvier, ce serait « volatilité ». Sous les 18 cts/lb le 10 janvier, le sucre brut passe au-dessus des 19 cts/lb une semaine avant, avant de revenir à 18 cts/lb.
Quelle frénésie ! Les fondamentaux n’y sont une fois de plus pour rien : les informations de janvier portaient principalement sur la fin de la campagne européenne (15,9 Mt, en sucre blanc) et sur des prévisions thaïlandaises (10,5 Mt, eq. roux) similaires aux attentes de la plupart des analystes.
Mais les spéculateurs soufflent le chaud et le froid. Ils restent net-acheteurs, mais à des niveaux très différents de semaines en semaines : après 4 semaines de ventes (ils sont passés de 5 Mt net-acheteur fin décembre à moins de 2 Mt mi-janvier), ils reviennent à l’achat et dépassent désormais les 3 Mt d’achat-net. Après un début d’année classique d’équilibrage de leurs positions, ils anticipent donc, et accompagnent, une certaine reprise.
Pourquoi ? Une nouvelle fois les yeux rivés sur le Brésil, à deux mois de la campagne, les analystes constatent que l’éthanol, en légère baisse, reste à des niveaux record, ce qui devraient tirer davantage le sucre à la hausse, malgré la légère reprise de la monnaie brésilienne (+ 5% sur le mois). Il faut dire que le pétrole atteint des niveaux pas vus depuis 8 ans : il frôle les 90 $/baril, et Goldman Sachs anticipe les 100 $ prochainement ! Seul bémol pour les semaines à venir: le gouvernement brésilien assure qu’il prendra des mesures pour freiner la hausse du carburant dans le pays, qui devient réellement problématique, à quelques mois des élections présidentielles brésiliennes d’octobre.
Le sucre raffiné, bien moins impacté par la spéculation, est plus calme. Il gagne un petit 2 % sur le mois – rien à voir avec la nouvelle progression du maïs ou du soja (+ 4%) ou du blé (+ 5 %).
En Europe, si la flambée de l’énergie est une mauvaise nouvelle pour les coûts de production, aussi bien à l’exploitation (coût du fuel et des engrais) qu’à la sucrerie (prix du gaz et du fuel), il bénéficie à l’éthanol qui gagne à nouveau 6 % sur le mois : le carburant dépasse les 85 €/t même sur les échéances d’été. Il faudrait vendre du sucre au-delà des 520 €/t sortie sucrerie pour mieux valoriser une betterave !
Quant au marché du sucre sur l’Union européenne, et bien, c’est le calme plat. Entre octobre et décembre, alors que le marché mondial gagnait 10 % et le marché spot 8 %, les livraisons du sucre européen se sont faits, sur la région incluant la France, au prix stable de 411 €/t. Soit 6 €/t de plus que le seuil de référence européen, marqueur d’une situation de crise (404 €/t). Quelle douche froide !
Certes, sur le marché spot, vous ne trouverez pas de sucre à moins de 600 €/t rendu utilisateur, où que vous soyez dans l’Union. Mais une nouvelle fois, la production européenne semble regarder le train passer, engluée dans des contrats visiblement négociés sans clauses de revoyure ni indexation. Et si vous voulez du sucre, il vous faudra donc en importer. D’ailleurs, l’intégralité des contingents brésiliens soumis à droit réduit de 11 €/t (73.000 t de sucre brut à raffiner), a été rempli depuis le début février. Bref, s’il y en a qui se frottent les mains, ce sont les Brésiliens, les raffineurs… et les douanes européennes !
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