On se souvient de la flambée du mois de septembre, lors duquel le marché du sucre a pris 20 % en...
Février a été un mois de forte volatilité sur les marchés mondiaux du sucre, avec des valeurs du sucre brut, sur le terme le plus proche, évoluant entre 23 cts/lb et 21 cts/lb. Cela n’est pas sans lien avec la position des spéculateurs, aussi actifs qu’hésitants ! Ils sont, en effet, passés de positions “neutres” à “acheteurs nets de plus d’un million de tonnes de sucre” en l’espace d’un mois. Et aujourd’hui, début mars, ils semblent être redevenus neutres sur l’échéance la plus proche, alors que les échéances ultérieures continuent à refléter la tension du marché…
En effet, l’échéance de mai 2024 est désormais cotée en dessous de l’échéance de mars 2025 ! Est-ce un signe que plus on avance dans le temps, moins il y aura de sucre disponible sur le marché mondial ?
C’est ce que l’on peut penser à la lecture des dernières prévisions de l’ISO (Organisation Internationale du Sucre), qui a revu à la hausse, le 28 février, le déficit pour la campagne en cours (2023/24) à -0,7 million de tonnes (Mt), contre -0,3 Mt estimé en novembre dernier. La veille, le Sucden avait publié un avis différent : le négociant est moins alarmiste sur la campagne en cours (+0,2 Mt) mais anticipe déjà des fortes tensions à venir : il prévoit un déficit majeur en 2024/2025, supérieur à + 4 Mt !
Bref, avant d’analyser la perte de 5 % de la valeur du sucre en février sur les marchés mondiaux, attendons… au moins le début de la prochaine campagne brésilienne, le mois prochain. Et la récente remontée de l’éthanol chez le géant cannier, tout comme la légère reprise de sa monnaie, est plutôt un bon signe.
Du côté du marché européen, la Commission européenne vient d’informer que le sucre a quitté les usines françaises à 855 €/t en janvier dernier. Pour la première fois depuis 25 mois (novembre 2021), la tendance est baissière – certes de manière anecdotique chez nous (-1 €/t), mais de manière beaucoup plus prononcée dans les pays déficitaires de l’Union, où il perd plus de 40 €/t sur le mois…
Il faut dire que les importations ukrainiennes vont bon train : 65,000 t sont entrées en décembre dernier, et le prix du marché spot (dont le volume reste minime en volume) continue sa chute : on est désormais à un prix, rendu utilisateur en Allemagne, à 650 €/t…
Cela va-t-il durer ? Rien n’est moins sûr. Car, certes, on s’attend à des surfaces en légère hausse dans l’Union (probablement autour de + 3 %). Mais les rendements s’annoncent d’ores et déjà décevants. C’est en tout cas ce qu’estime le BBRO, le centre technique britannique, qui anticipe un risque jaunisse, cette année, à 83 % – c’est 20 points de plus que l’an dernier, et un niveau aussi fort qu’en 2020 (85 %).
Du coup, bien peu d’analystes estiment désormais possible que l’Union atteigne, l’an prochain, un rendement moyen quinquennal…
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