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L’entrée en 2022 ne s’est pas faite sur des signaux contraires relatifs aux fondamentaux du marché du sucre. Au contraire : le 20 décembre, l’analyste FoLicht a confirmé son anticipation de déficit mondial sur la campagne sucrière en cours, d’octobre 2021 à septembre 2022, à 3,4 Mt. Les deux campagnes précédentes ont déjà réduit les disponibilités de 5,2 Mt, cela conduirait donc à des stocks mondiaux, fin septembre 2022, de 37 % de la consommation mondiale annuelle : le plus bas niveau de réserve en sucre depuis 10 ans.
Pourtant, le marché à terme accuse des baisses. Le sucre brut reste autour de 18 cts/lb, tenu par les prix du pétrole et de l’éthanol notamment, mais a perdu presque 2 cts/lb depuis la mi-novembre.
Certes, le Réal a souffert, une nouvelle fois en décembre : un dollar vaut désormais 5,7 BRL, proche de son plus haut niveau historique (5,9 BRL/US$, en mai 2020). Mais ce sont surtout les spéculateurs qui ont fait dévisser le marché : ils restent massivement acheteurs-nets (de plus de 4 Mt de sucre), mais dans une proportion deux fois moindres que fin novembre (quasiment 8 Mt). Cette baisse est courante en fin-décembre et début-janvier, et les semaines à venir permettront de voir si cela traduit une réelle orientation de leur part, ou un simple ajustement conjoncturel.
Les bonnes nouvelles sont en revanche venues du pétrole et de l’éthanol : le Brent a superbement résisté à la reprise de Covid-19, et se maintient au-dessus de 80 US$/baril. Du coup, l’éthanol carburant en Europe se maintient au-dessus de 80 €/hl, même sur les échéances de l’automne prochain. De telles valeurs correspondent à un équivalent sucre autour de 500 €/t, ce qui est de nature à favoriser ce débouché : on estime qu’environ 23 % des betteraves françaises, tout justes arrachées, seront utilisées à cette fin.
Côté européen, les regards se portent désormais sur les prévisions d’emblavement pour 2022. La plupart des analystes anticipent des surfaces de semis de betteraves, pour 2022, stables, voire en légère baisse par rapport à 2021, malgré la bonne tenue des prix spots (autour de 550 €/t sortie usine française). Mais les délais dans la transmission des signaux de prix aux planteurs, propres à la filière mais amplifiés par la faible corrélation entre le prix du spot et les ventes de sucre effectivement contractées, limitent l’attrait de la betterave face à des cultures alternatives en grande forme.
Cela devrait conduire à une nouvelle campagne européenne déficitaire : en cas de surface similaire à l’an passé, il faudrait que le rendement moyen européen dépasse de plus de 11 % son rendement moyen quinquennal pour que l’Union redevienne exportatrice net : cela est extrêmement peu probable. Dans le contexte actuel de marché mondial, et des prix du fret qui restent robustes, les prix européens devraient donc rester fermes.
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