On se souvient de la flambée du mois de septembre, lors duquel le marché du sucre a pris 20 % en...
Depuis la mi-juin, les vues des spéculateurs sur le marché mondial du sucre ont été particulièrement hésitantes, et leurs positions bien volatiles. Tout début septembre, ils semblent voir le potentiel haussier de ce marché derrière nous, en affichant des positions nettes-vendeuses de 1 Mt. Plusieurs informations notées cet été peuvent l’expliquer.
Tout d’abord, S&P a publié, en juin, une estimation du bilan sucrier mondial pour la campagne 2022-2023 (celle qui ouvre le mois prochain), et anticipe que le cycle déficitaire est derrière nous, avec un petit surplus mondial estimé à 1 Mt. L’ISO va encore plus loin, anticipant un surplus de plus de 5 Mt, mais en se basant sur un choc à la consommation, qui pourrait n’augmenter que de 0,5 % (contre 1,5 % selon les autres analystes) à cause de l’inflation.
Ensuite, la baisse du pétrole, qui revient à son niveau d’avant la guerre en Ukraine, limite l’intérêt de l’éthanol face au sucre au Brésil, d’autant que Petrobras, l’agence gouvernementale brésilienne, a baissé par 4 fois cet été le prix de l’essence dans le pays pour faire face à l’inflation, en cette période pré-électorale. Cela pourrait encourager la production de sucre du géant brésilien qui entre actuellement dans sa seconde moitié de campagne.
Mais le sucre résiste remarquablement bien. Il reste stable, notamment sur août, alors que les autres matières premières sont chahutées : le maïs gagne 9 % et le soja perd 7 %. Et la demande semble rester robuste, notamment sur le court terme : la meilleure illustration est que le sucre raffiné prend encore 2 % sur le mois d’août. Résultat, la prime de blanc (la différence entre le sucre brut et le sucre raffiné) atteint un niveau record, au-delà de 150 $/t. Est-ce baissier pour le sucre blanc ou haussier pour le sucre brut ? C’est surtout l’illustration que le coût de l’énergie reste affolant pour les pays raffineurs, dont les monnaies souffrent comme jamais face au dollar.
Le meilleur exemple sur le sujet est l’Europe, qui fait face à un euro au plus bas face au dollar (du jamais-vu depuis la mise en place de la monnaie européenne) et à un gaz toujours au-delà de 200 €/MWh (10 fois la normale !) malgré les récents propos rassurants de la Commission européenne.
D’ailleurs, du côté européen, le marché reste sur-tendu en cette période de césure, et le spot dépasse les 1000 €/t dans l’Union. Le marché à plus long terme reste bien soutenu par une campagne européenne annoncée décevante sur des surfaces en contraction, et les récentes ouvertures d’importation de sucre sous quota CXL (un contingent qui nécessite de payer un droit de douane de près de 100 €/t) laisse présager que les opérateurs sont confiants dans leur capacité de livrer du sucre au-delà de 750 €/t (sortie-raffinerie) dans les 3 mois.
Cette valeur est logique quand on voit que l’éthanol tire également le marché : le débouché dépasse les 100 €/hl même sur les échéances de fin d’année prochaine, car la chute de l’euro, couplée à la forte demande, annule les effets de la baisse du pétrole.
Qu’espérer, dès lors, en termes de prix des betteraves que l’on commence à arracher ? Tout dépendra du mode d’achat de son énergie par l’industrie sucrière : un prix de betterave à 35 €/t est envisageable si le coût du gaz pour transformer la betterave a été conclu sous les 100 €/MWh. Et c’est bien un minimum nécessaire en anticipation des semis 2023 : le prix des cultures alternatives, notamment pour le maïs, l’orge de printemps ou le colza dépasse ces valeurs, et l’agriculteur peut déjà le sécuriser pour 2023 !
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