On se souvient de la flambée du mois de septembre, lors duquel le marché du sucre a pris 20 % en...
Les cours du sucre brut ont été relativement stables sur le mois passé, autour de 12 cts/lb, tiraillés entre une monnaie brésilienne, le Réal, qui a perdu 8 % et des spéculateurs qui sont repassés nets-acheteurs de plus de 2 Mt.
La chute de la monnaie brésilienne, toujours à des niveaux bien bas (5,3 – 5,4 BRL/$) a eu un double impact au niveau local. Tout d’abord, cela se traduit par une progression des prix du sucre, libellé en Réal, de plus de 10 % pour les Brésiliens. Ensuite, l’éthanol domestique a été stable en Réal, alors qu’il affiche une baisse de 9 % en dollar (malgré la bonne tenue du pétrole). Cela éclaire le choix d’allouer une grosse partie de la canne vers le débouché du sucre au détriment de l’éthanol : depuis le début de la campagne brésilienne (1er avril) et le 15 juin, 46 % de la canne du Centre-Sud, première région de production du pays, a servi à faire du sucre, contre 34 % l’an dernier. A ce rythme, on peut s’attendre à une hausse des exportations de sucre du Brésil, par rapport à l’an passé, de près de 10Mt !
Mais il semble que les spéculateurs ont un autre point de vue. Et ce sont bien eux qui permettent au sucre roux de tenir les 12 cts/lb. Ils peuvent avoir pris en compte les nouvelles estimations des bilans mondiaux, qui incluent les faibles performances indiennes et thaïlandaises, mais aussi les baisses estimées de consommation liées aux confinements dues au Covid. Rabobank anticipe désormais un déficit à -4,3Mt en 2019/2020 (Datagro le voit à -3,6Mt), et anticipe un léger surplus en 2020/2021 (+0,6 Mt, contre +3,0 Mt selon Datagro).
Moins actif sur le sucre raffiné, ce dernier a flanché : il a perdu 10 % sur le mois. Est-ce finalement un retour à la normal : la différence entre les deux cours (appelé ‘prime de blanc’) avait atteint un niveau historique ; il ne revient finalement qu’à une valeur usuelle.
On notera sur le mois une explosion du fret : le supramax, l’index le plus utilisé en sucre, a pris 24 % sur le mois, suivant les autres indices (notamment celui du panamax qui concerne davantage le charbon et les grains) ; on peut y voir les premiers signes d’une reprise des échanges à l’échelle du globe.
Du côté européen, la dernière valeur des livraisons disponibles affiche 371 €/t en avril dernier. C’est 20 % de plus que l’an dernier à la même époque. Pour la prochaine campagne (concernant les betteraves actuellement en terre), on reste sur des bruits de négociations autour de 400€/t.
Mais les annonces de rendements en berne, liés à la jaunisse, que ce soit en France, au Royaume-Uni, en Belgique ou en Allemagne du sud sont de nature à contracter encore le bilan prévisionnel européen : on s’oriente vers une disponibilité en sucre, sur le territoire de l’union, au plus bas, dans un contexte de stock faible… Le pouvoir de négociation penche donc sérieusement du côté des vendeurs !
Enfin, l’éthanol européen se reprend, et la crise du Covid semble derrière nous : on revient à des niveaux autour de 60 €/hl pour le carburant : une bonne nouvelle !
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