Le marché européen n’a pas eu le temps de se redresser que le marché mondial chute à nouveau.
Après dix mois d’une tendance haussière sur le marché du sucre, la tendance se retourne sévèrement en mars. Le sucre brut a perdu 8 % sur le mois, et repasse sous les 15 cts/lb, ce qui ne s’était pas vu depuis décembre. En moins de 45 jours, la chute est de 20 % ! Le sucre raffiné suit la tendance, et la prime de blanc (différence entre les deux) se maintient au niveau robuste de 100 $/t.
Cette chute ne touche pas que le sucre. Le soja perd 2 % sur le mois, et le blé 5 %. A l’origine : les fonds spéculatifs, dont beaucoup assainissent leurs comptes avant leur clôture de mars. Ils sont désormais nets-acheteurs de 5,3 Mt, c’est le niveau le plus faible depuis août 2020, et à comparer avec les 8,1 Mt à la mi-février, quand ils avaient conduit le sucre à frôler les 18,8 cts/lb. La question est maintenant de savoir si ces spéculateurs reviendront dans le jeu en ce début de printemps.
Certains n’y croient pas. Pour eux, la tendance haussière du sucre est passée. Car, depuis lors, le pétrole peine à se tenir les 65 $/baril, et la monnaie brésilienne ne se remet pas. Il faut à nouveau 5,7 BRL pour avoir un dollar, comme au pire de la crise Covid. Pire : avec les mesures de confinement au Brésil, l’éthanol domestique perd 20 % sur le mois, et n’encourage pas à la reprise du sucre sur le marché mondial.
Mais d’autres restent optimistes. Ils ont les fondamentaux avec eux : le 25 mars dernier, FoLicht, référence en la matière, a publié son nouveau bilan mondial. Il estime que la campagne mondiale en court (2020/21) sera déficitaire de -4,3 Mt, et que la suivante (2021/22), hors accident climatique, sera à l’équilibre (+0,3 Mt). Les stocks mondiaux, en septembre 2021, ne devraient donc dépasser que de peu 37 % de la consommation mondiale, le niveau le plus faible depuis 2016.
Côté européen, le marché spot montre des signes nets de reprise. Son prix, équivalent sortie-usine française, ressort autour de 430-440 €/t. Certes, les volumes sont faibles car la plupart des engagements de livraison ont été fait. Et sur ces engagements, le dernier chiffre de la Commission européenne, pour les livraisons de janvier dernier, ressort à 378 €/t pour la zone incluant la France.
Peut-on se réjouir de ce gain de 11 €/t par rapport à décembre ? Difficile, tant il reste faible en comparaison de la récolte catastrophique française : on n’a gagné que 9 % en un an en valeur, alors que l’on a produit 1,5 Mt de moins ! Décidément, la reprise se fait attendre – et va-t-elle vraiment arriver, si le marché mondial plonge à nouveau ?