En tant qu’avocat de la cause paysanne, j’observe avec une inquiétude croissante...
Sévère baisse des cours mondiaux sur le mois de décembre : le sucre brut a perdu plus de 7 %, et le sucre raffiné plus de 5 %. Résultat : le sucre brut passe à nouveau sous les 20 cts/lb, ce que l’on n’avait pas vu depuis septembre dernier.
Pourtant, peu d’informations sur les fondamentaux n’ont émergé ces dernières semaines. La raison de cette baisse de prix est davantage à chercher du côté des parités monétaires : la force du dollar, depuis l’élection de Trump aux USA, est historique, et toutes les monnaies souffrent. C’est notamment le cas face au Réal, la monnaie brésilienne, qui perd à nouveau plus de 2 % sur le mois. Il faut désormais presque 6.2 BRL pour avoir un dollar, ce qui ne s’était jamais vu : une chute de plus de 20 % sur un an.
Du coup, beaucoup anticipent, pour la prochaine campagne brésilienne qui ouvrira en avril prochain, une allocation une nouvelle fois historique de la canne à sucre vers le débouché du sucre exporté : il est vendu en dollar, et rapporte donc beaucoup de Réals pour un transformateur brésilien – car l’éthanol domestique, qui gagne en valeur en BRL (+3 % en un mois), est en réalité stable lorsque libeller en US$.
C’est ce que doivent se dire les spéculateurs, qui finissent le mois nets-vendeurs de plus de 3.3 Mt, contre moins de 0.9 Mt en début de mois : ils anticipent des disponibilités à venir, et amplifient ainsi la baisse des cours…
Mais n’est-ce pas un peu exagéré ? S&P, par exemple, a revu le 7 janvier son bilan mondial, et il anticipe toujours un déficit mondial : certes limité sur la campagne actuelle (-0,7 Mt entre octobre 2024 et septembre 2025), mais plus prononcé entre octobre 2025 et septembre 2026 (-2,7 Mt)… À suivre, donc, et le marché nous a habitués à de nombreux sursauts en 2024 !
En Europe, la situation est très calme. La dernière valeur publiée par la Commission européenne porte sur le premier mois de la campagne en cours : en octobre dernier, le sucre a quitté les usines françaises à 609 €/t. Un prix résultant des négociations de l’été dernier, au plus fort des importations ukrainiennes, qui ont été limitées depuis. Mais le travail de sape a eu lieu : la baisse dépasse les 200 €/t en un an (841 €/t en octobre 2024).
Et maintenant ? La cotation devrait continuer à baisser jusqu’aux valeurs des mois en cours (janvier), conséquences ‘mathématiques’ du fait que les volumes, contractés autrefois, arrivent désormais sur le marché. Mais, à présent, la situation pourrait s’inverser. En effet, le marché du spot est désormais haussier, depuis l’entrée en campagne, autour de 500 €/t sortie usine (+50 €/t en trois mois !).
Et les rendements européens, légèrement décevants, doublés de moindres disponibilités en importations, devraient permettre au marché de se tenir jusqu’à la fin de campagne… Voir même grimper, porté par la faiblesse de l’euro qui rend les importations plus onéreuses que par le passé ?
En tant qu’avocat de la cause paysanne, j’observe avec une inquiétude croissante...
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