Paris, le 13 septembre 2023 – L’ambitieux plan de réduction d’utilisation et de développement d’alternatives aux produits phytosanitaires en agriculture, annoncé en février 2023 par la Première ministre, proposait une nouvelle méthode de travail entre les pouvoirs publics et la profession agricole. Mais face à une absence totale de concertation et des décisions sans cohérence, les producteurs de grandes cultures dénoncent une méthode totalement contre-productive pour réussir les transitions.
« Nos filières sont résolument engagées dans les transitions alimentaires, énergétiques, climatiques et proposent des solutions concrètes pour relever les nombreux défis. Mais aujourd’hui, où est la concertation ? Où sont les engagements des Pouvoirs publics ? » interrogent les présidents de l’AGPB, l’AGPM, la FOP, la CGB et l’UNPT, les associations spécialisées en grandes cultures.
Pour les agriculteurs de ces filières, la méthode sur les modalités éventuelles de réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires sur les exploitations agricoles, souhaitée par le gouvernement, est particulièrement emblématique et inquiétante. Alors que les producteurs sont les premiers concernés sur le terrain, ils n’ont jamais été réellement associés aux discussions. Pire, la « nouvelle méthode » annoncée semble privilégier la disparition des solutions de protection des cultures plutôt qu’un réel développement de solutions alternatives. Pour les producteurs, « Il ne s’agit pas d’être pour ou contre les pesticides mais de s’assurer de solutions techniquement et économiquement viables pour protéger nos cultures ».
L’AGPB, l’AGPM, la FOP, la CGB et l’UNPT s’alarment :« Nos propositions restent à ce jour sans réponse alors que dans le même temps, les aléas climatiques, ravageurs et maladies se multiplient, les contraintes pleuvent, les impasses agronomiques s’accumulent et fragilisent durablement nos productions et notre souveraineté agricole ». Derniers exemples en date : l’annonce de la prochaine hausse de la Redevance pour Pollutions Diffuses (RPD) et les possibles interdictions de molécules ignorant les réalités agronomiques pourtant exposées par les experts et reconnues chez nos voisins européens.
« S’il faut planifier et anticiper, nous sommes toujours prêts mais il faut être cohérent : nous demandons un vrai plan, sécurisé sur le temps long et doté d’investissements à la hauteur des enjeux ! » insistent les présidents. Les besoins d’accompagnement des filières grandes cultures sont estimés à plus de 20 Md€ sur les prochaines années. Cela concerne l’accélération de la recherche pour des solutions innovantes permettant l’optimisation de la protection des cultures et la décarbonation, ainsi que les investissements indispensables pour accompagner les agriculteurs dans leur prise de risque : formations, conseils, aides aux investissements dans les nouvelles techniques et technologies.
La balle est désormais dans le camp du gouvernement et les producteurs de grandes cultures attendent des réponses concrètes : « En cette période où des millions de nos concitoyens connaissent de réelles difficultés d’accès à une alimentation française accessible à tous, notre capacité à produire et à nourrir dignement mérite une méthode sincère et efficiente que nous souhaitons co-construire avec l’ensemble des acteurs pour réussir les transitions ! »