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A la demande de la CGB, l’AIBS a récemment écrit au président directeur général de l’INRAE pour dénoncer des positions prises par un de ses directeurs de recherche dans Natura sciences, un média en ligne, dans un article intitulé « Néonicotinoïdes : « les alternatives existent, la science est sans appel » et mis en ligne le 2 avril 2025. M. Jactel, présenté comme directeur de recherche à l’Inrae et expert auprès de l’ANSES et de l’EFSA y multiplie les approximations et les contre-vérités. Les éléments de contre-argumentation ci-dessous ont été rappelés à l’INRAE.
En début d’article, à une question sur l’existence d’alternatives à l’usage des néonicotinoïdes, Monsieur Jactel répond : « C’est complètement faux de dire qu’il n’y pas d’alternative crédible aux néonicotinoïdes. Elles existent, la science est sans appel. Dès 2018, nous avons réalisé avec des chercheurs de l’Anses et de l’Inra une analyse complète de toutes les alternatives disponibles pour les agriculteurs. Sur les 152 usages de néonicotinoïdes à l’époque en France, nous n’avons trouvé que 6 cas (4%) où aucune solution de remplacement n’était envisageable (mouche des grains de maïs, mouche de la framboise, pucerons du navet, scolytes du cerisier, hannetons et chrysomèles en forêt et baladin de la noisette). Pour tous les autres types d’utilisation de néonicotinoïdes, il y a des alternatives crédibles, efficaces et disponibles. »
Les travaux du PNRI ont clairement mis en évidence que pour la culture de la betterave sucrière seules certaines solutions alternatives permettent de réduire les populations de pucerons. Affirmer qu’elles constituent des alternatives « crédibles et efficaces » est un mensonge.
Par ailleurs, on peut rappeler que la PPL « Lever les entraves » ne propose pas de réintroduire « les néonicotinoïdes » mais uniquement une molécule de cette famille, la seule encore autorisée par la réglementation européenne (jusqu’en 2033) : l’acétamipride. Cette molécule a une demi-vie dans le sol de 1,45 jour. Le produit Suprême 20 SG (à base d’acétamipride) a reçu la mention « Abeille » de l’ANSES dès 2010, confirmée en 2016 : « emploi autorisé pendant la floraison et/ou au cours des périodes de productions d’exsudats, en dehors de la présence d’abeilles ». L’Agence s’est basée sur ses propres conclusions : « Compte tenu des valeurs de HQ inférieures à 50 pour l’abeille domestique et le bourdon et de l’absence d’effet significatif sur l’activité et la survie des butineuses ainsi que sur le développement complet du couvain après pulvérisation de la préparation SUPREME 20 SG à 100 g acétamipride/ha, les risques pour les butineuses et les colonies d’abeilles sont considérés comme acceptables ». Cette molécule présente donc un profil toxicologique faible, loin des produits « tueurs d’abeilles » repris par M. Jactel en début d’article.
A une autre question, Monsieur Jactel répond : « Les néonicotinoïdes sont utilisés de manière systématique. Concrètement, on utilise les graines enrobées ou on pulvérise même si l’insecte ravageur n’est pas là ou à niveau très faible. D’autres pesticides, notamment ceux de la famille des pyréthrinoïdes, peuvent être employés de manière plus ciblée dans le temps et dans l’espace, quand on se rend compte que les populations d’insectes non désirés deviennent trop importantes. »
Il a été indiqué à l’INRAE que de tels propos ne sont pas du tout conformes à la réalité de terrain que Monsieur Jactel semble totalement méconnaître. Ils s’apparentent même à de la diffamation vis-à-vis de la profession agricole. Dans le cas du puceron et de la betterave, un système d’épidémio-surveillance a été mis en place et il ne cesse de renforcer. La profession relaie inlassablement la nécessité de visiter régulièrement les parcelles pour détecter la présence de pucerons et faire des comptages. Affirmer qu’un agriculteur va traiter systématiquement, même en l’absence de ravageurs est inacceptable, au-delà d’être un non-sens économique.
Quant à la mention de l’utilisation des pyréthrinoïdes, la résistance du puceron vert à ces molécules est documentée depuis plus de 10 ans, il n’est pas donc pas pertinent de les citer, d’autant moins qu’ils ne sont aucunement sélectifs.
Plus spécifiquement sur la betterave, Monsieur Jactel précise : « pour lutter contre le puceron de la betterave, les solutions alternatives à l’utilisation des néonicotinoïdes ont des taux d’efficacité similaires. Des analyses statistiques rigoureuses ont montré notamment que l’application de spirotétramate ou de flonicamide, ainsi que l’association avec de l’orge comme plante compagne permettait de réduire d’environ 80% les attaques de pucerons sur betterave. On peut aussi lâcher des ennemis naturels comme les chrysopes, un insecte qui exerce une forte prédation sur les pucerons. Il est également possible de sélectionner génétiquement les variétés de betteraves pour les rendre à la fois plus résistantes aux pucerons et au virus de la jaunisse nanisante. »
Monsieur Jactel se trompe à nouveau lorsqu’il prétend que les solutions alternatives à l’utilisation des néonicotinoïdes ont des taux d’efficacité similaires. Cela est d’autant plus vrai que la réduction des populations de pucerons ne saurait être un gage de la réduction du risque jaunisse, au regard de la dynamique pucerons/virus et de la capacité d’une faible population de pucerons virulifères à propager la maladie.
Le graphique ci-dessous expose l’efficacité comparée (14 jours après le traitement) de différentes alternatives aux néonicotinoïdes dont on rappelle ici qu’ils avaient une efficacité de 100%.
M. Jactel omet soigneusement de préciser qu’aucune variété résistante à la jaunisse n’est disponible à ce jour, laissant supposer que leur obtention et leur mise sur le marché ne serait qu’une formalité.
Enfin, Monsieur Jactel fait largement étalage de sa méconnaissance des pratiques agricoles : il parle de « graines abondantes en bordure des champs semés », qui sont une vue de l’esprit, au regard tant de la précision des semoirs utilisés que du gaspillage que représenterait de telles pertes de semences.
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