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Il est rappelé que la France s’est fixé comme objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050 et l’a inscrit dans la loi climat énergie en 2019. Pour atteindre cet objectif tous les secteurs d’activité : le bâtiment, les transports, l’agriculture, l’industrie devront drastiquement réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. La feuille de route pour y parvenir est la Stratégie Nationale Bas Carbone.
L’agriculture, dont les émissions représentaient environ 88 Mt de CO2 en 2015 soit 19% des émissions de GES françaises, devra ainsi réduire des émissions de GES de 46% pour atteindre en 2050 un niveau d’émission de 48 Mt de CO2.
Les émissions du secteur agricole se décomposent actuellement de la manière suivante : 48% liés au méthane (CH4) émis principalement par l’élevage, 41% lié protoxyde d’azote (N2O) provenant des effluents d’élevage et de la fertilisation des sols, et 11% liés au dioxyde de carbone (CO2) résultant de la consommation d’énergie fossile des engins, moteurs, chaudières.
(Ces pourcentages tiennent compte du pouvoir de réchauffement global de ces gaz qui est de 28 pour le CH4, 265 pour le N2O et 1 pour le CO2 du fait ce dernier constitue la référence. Quant au stockage de carbone dans le sol, 1 tonne de carbone stockée correspond à 3.67 t de CO2 eq).
Créé par le Ministère de la transition écologique et solidaire avec la collaboration de nombreux partenaires, le Label Bas Carbone a pour objectif de contribuer à l’atteinte des objectifs climatiques de la France en permettant la rémunération de projets de réduction d’émissions de gaz à effet de serre ou de stockage de carbone.
Les associations spécialisés grandes cultures, l’AGPB, l’AGPM, la Fop et la CGB ont décidé en décembre 2019 de s’engager dans cette démarche. Une méthode label bas carbone « grandes cultures », qui permet d’identifier et de quantifier les leviers de réduction des émissions de gaz à effet de serre ainsi que les pratiques visant à stocker davantage de carbone, a été élaborée durant l’année 2020 par les Instituts Techniques Agricoles : Arvalis, Terres Inovia, l’ITB et l’ARTB, en collaboration avec le cabinet d’expertise-conseil en agroenvironnement Agrosolutions.
Cette méthode a été déposée fin 2020 auprès du Ministère de la transition écologique et solidaire en vue de sa labellisation début 2021.
Cette méthode « grandes cultures » vient s’articuler avec les méthodes déjà labellisées ou en cours, afin de permettre à des porteurs de projets de mettre en place les leviers de réduction des émissions et de séquestration de carbone avec les producteurs de grandes cultures.
Les porteurs de projet peuvent être des groupes d’agriculteurs, des organismes de conseils, Chambres d’Agriculture, CETA, Associations environnementales, Coopératives.
La durée de projet retenue dans la méthode est de 5 ans, le projet pourra être renouvelé après cette période.
Le périmètre retenu est celui de l’exploitation agricole et des ateliers grande culture. Les ateliers élevage, plantations de vergers, haies, font l’objet de méthodes dédiées. Par souci d’efficacité, l’ensemble du système de culture est évalué.
Les réductions de carbone qui vont pouvoir être valorisées sont celles qui résultent de l’écart entre le scénario de référence et le scénario mis en place avec le projet. Deux possibilités peuvent être retenues pour le scénario de référence : soit un scénario générique qui va se baser sur des données moyennes régionales, soit un scénario spécifique qui va se baser sur les données individuelles de l’agriculteur.
Les principaux leviers proposés par la méthode pour réduire les émissions et de séquestrer le carbone concernent :
La méthode est relativement complexe à déployer et nécessite de ce fait un outil informatique adapté, notamment pour la simulation du stockage de carbone dans le sol. Différents acteurs du digital : Agrosolutions et SMAG filiales du groupe Invivo, l’Idele qui a déjà développe l’outil Cap2Er dans de secteur de l’élevage, MyEasyFarm et Agrotransfert ont pour ambition de développer ces outils.
Les crédits carbone générés par ces projets offrent de nouvelles perspectives de financement aux agriculteurs.
Les perspectives de valorisation des crédits carbone
Différentes organisations proposent l’achat de crédits carbone comme la société Soil-Capital. Il est important que les agriculteurs restent vigilants sur le choix des organisations auxquelles ils vont confier leurs données technico-économiques, et également sur la rémunération réelle qui leur sera finalement versée compte tenu des couts des différentes prestations de suivi et d’intermédiation.
Concernant les perspectives d’évolution des prix du carbone, les informations accessibles sont de deux types :
Evolution de valeur en €/t de CO2eq : | ||
Année | Quota UE | Action pour le climat |
2018 | 16 €/t | 45 €/t |
2019 | 25 €/t | 55 €/t |
2020 | 25 €/t | 65 €/t |
2021 | 38 €/t (janv- fev) | 76 €/t |
Le tableau suivant permet la comparaison de ces valeurs sur les dernières années :
On peut constater un décalage de niveau entre ces valeurs, néanmoins la vitesse d’accroissement est importante dans les 2 cas.
A noter la valeur estimée de l’action pour le climat en 2050 qui est de 750 €/t CO2.
En conclusion :
Il y a des contraintes pour arriver à gagner de l’ordre de 1 à 2 tonnes de CO2 par hectare, néanmoins les perspectives d’évolution du prix du carbone sont intéressantes.
Il est important que les agriculteurs, qui s’engagent dans une démarche de réduction des émissions et de séquestration de carbone, choisissent avec soins leur porteur de projet à qui il vont confier leurs données technico-économiques.
Il apparait également important que l’offre puisse être fédérée entre les différentes filières, afin de mutualiser les coûts, offrir le meilleur retour aux agriculteurs et ne pas déstabiliser le marché et les prix.
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