La Commission européenne vient de rendre publique son étude sur les stratégies d’adaptation du secteur sucrier avec la fin des quotas. On se souvient que cette étude avait été commanditée en 2019, au plus fort de la crise, et qu’elle justifiait son inaction, y compris dans la rénovation du règlement OCM Unique, par l’attente de sa publication. Cette étude publiée minore les effets de la fin des quotas sur notre secteur et est utilisée par la commission pour légitimer son irresponsabilité dans la crise et sa gestion. Cela soulève l’indignation de la CGB qui l’indiquera dans le cycle de discussions qui va s’engager pour rappeler le besoin de renforcer les filets de sécurité dans la perspective des prochaines crises de marchés dont on connait le caractère cyclique.
Véritable plaidoyer pour la vision libérale de la Commission, elle estime que la fin des quotas, et celui du prix minimum de la betterave, n’a eu que des « effets indirects sur la viabilité économique des principaux acteurs de la chaine de production ». Elle s’autorise même, alors que cela n’a rien à voir avec le sujet, à estimer que les accords de libre-échange n’ont « aucun effet sur la viabilité des producteurs de sucre ». Du reste, pour l’étude, la crise est finie : la filière aurait terminé sa mue, et elle a montré une « résilience satisfaisante ». Et il est donc urgent de ne rien faire.
On retiendra cependant trois points mis en avant dans l’étude :
- Elle salue l’initiative française de lancer un Instrument de Stabilisation des Revenus en 2022, et souligne que cela peut être un instrument utile de gestion des risques ;
- Elle souligne le besoin de conserver les moyens de production nécessaire pour les producteurs (accès à l’eau, produits de protection des plantes, etc.), dans le contexte notamment du ‘Green Deal’ ;
- Et enfin, elle appelle à l’innovation contractuelle entre planteur et sucrier, y compris sur l’indexation de prix de betterave sur les marchés à terme du sucre, une solution « efficace pour faire face à la volatilité des prix pour les producteurs », en citant l’exemple australien.
La CIBE, consciente que cette étude passerait sous silence la question de la contractualisation du sucre, inchangée depuis la fin des quotas et aggravant la crise, a confié une étude à LMC pour proposer, concrètement, des voies d’amélioration.