Article du betteravier français • n° 1165 du 23/05/2023
Lors de son assemblée générale, la CGB a voulu faire le point sur le PNRI. Les différents invités avaient pour consigne : « pas de faux espoirs, mais pas de misérabilisme non plus ».
Alexandre Quillet, qui est aussi président de l’ITB, envisage de publier une liste de variétés recommandées pour la jaunisse dans le Betteravier français « spécial semence » du 28 novembre prochain. ©Renaud d’Hardivilliers
Pour lutter contre la jaunisse, la voie de la génétique semble toujours en tête des solutions d’avenir. Si, à l’occasion de l’assemblée générale de la CGB Eure le 9 mai 2023, son président, Alexandre Quillet, rappelle qu’il n’existe pas aujourd’hui de variété résistante, Fabienne Maupas, la directrice scientifique de l’ITB, est optimiste : « les sélectionneurs ont tous identifié des sources de tolérance ou de résistance et on sera déjà mieux armés pour les semis 2024 qu’en 2020 ». Elle estime qu’on peut s’attendre à une augmentation de 5 % par an du potentiel de rendement des variétés résistantes ou tolérantes. Alexandre Quillet, qui est aussi président de l’ITB, envisage de publier une liste de variétés recommandées pour la jaunisse dans le Betteravier français « spécial semences » du 28 novembre prochain. Cependant, le travail reste compliqué. En effet, à la différence de la rhizomanie qui était due à un seul virus, la jaunisse peut être causée par 4 virus différents, appartenant à 3 familles virales distinctes. Par ailleurs, Vincent Laudinat, le directeur général de l’ITB, a rappelé que les pucerons dont ils sont les vecteurs se multiplient extrêmement vite : en 70 jours, un puceron peut, en conditions optimales, en générer 37 milliards. Or, plus la pression est forte, plus le risque de mutation génétique contournant la résistance variétale l’est aussi. Donc, selon Fabienne Maupas, même si les virus sont génétiquement assez stables, il sera important de protéger les futurs gènes de résistance par une combinaison de facteurs qui limiteront la population de pucerons.
Quelques solutions prometteuses
Parmi les solutions non génétiques testées dans le cadre du PNRI, beaucoup ont été récemment abandonnées car pas assez efficaces ou trop compliquées à mettre en place, explique la directrice scientifique. Pour sa dernière année, le PNRI concentre ses efforts sur les solutions les plus prometteuses. Les plantes compagnes et le Lecanicillium muscarium, un champignon pathogène des pucerons, que l’on peut mélanger au Teppeki et qui agit au bout d’une semaine quand la rémanence de l’insecticide s’arrête, en font partie. Par ailleurs, même si elle n’a pas beaucoup d’efficacité aphicide, l’huile de paraffine agit sur la transition virale. La société Agriodor (voir p17 du BF 1165) a présenté aux betteraviers et aux personnalités politiques présents un répulsif qui pourrait être prochainement commercialisé. Quoi qu’il en soit, on devrait avoir les premiers résultats du PNRI 2023 d’ici un mois, affirme Fabienne Maupas. Alexandre Quillet a conclu la journée par ce message : « À ce jour, rien n’est encore gagné, mais surtout, rien n’est perdu ! ».
Renaud d’Hardivilliers