La Commission européenne annonce vouloir signer l’accord de libre-échange avec le Mercosur, tout en reconnaissant qu’il pénalisera ses agriculteurs ! A quelques jours du G20 à Rio de Janeiro, les producteurs agricoles font monter la pression. L’enjeu, pour l’Union européenne ? L’équivalent d’1/8e des surfaces françaises de betteraves ! On fait le point sur cet accord d’un autre âge, qui ne contient aucune ‘clause miroir’.
Une vraie provocation ! A quelques jours d’intervalle, la Commission européenne a informé, d’une part, qu’elle pouvait signer, en marge du G20 qui aura lieu à la mi-novembre à Rio de Janeiro, son accord avec le Mercosur et que, d’autre part, elle envisageait la mise en place d’un fond de compensation pour les agriculteurs !
Avouer qu’un accord fera du tort à ses agriculteurs, mais qu’il sera quand même signé : cela a été très mal pris par les producteurs et plusieurs interprofessions, qui ont immédiatement réagi par voie de presse. Non, cet accord ne doit pas être signé !
Pour notre filière, les concessions, en sucre et en éthanol, accordées par l’Union européenne au Brésil dans le cadre de cet accord, représentent la production de 1/8ème des surfaces françaises de betteraves. Pour la CGB, c’est d’autant plus inacceptable que cet accord, dont le mandat a été donné à la Commission européenne il y a trente ans, n’inclut aucune clause relative au mode de production (les fameuses « clauses miroir »), et notamment :
- Aucun encadrement sur les produits phytosanitaires utilisés pour produire la canne à sucre au Brésil. Or, à date, au moins 40 substances actives sont autorisées au Brésil mais interdites dans l’Union !
- Aucune demande de traçabilité relative aux OGM ne figure dans l’accord, alors que le Brésil autorise, depuis 2017, la culture de canne transgénique.
- Enfin, cet accord ne stipule rien sur le droit social dans les plantations de canne. Rappelons à ce titre que moins du tiers des surfaces brésiliennes de canne à sucre est cultivé par des planteurs indépendants, les deux-tiers étant cultivés par des groupes industriels. Les concessions de volumes ne sont donc pas faites majoritairement au profit d’agriculteurs brésiliens, mais au profit de groupes industriels !