La CGB Champagne Bourgogne a innové cette année en organisant son assemblée régionale annuelle dans le cadre de la foire de Chalons. Ce « nouveau format » a rencontré un vif succès, en particulier grâce une table ronde consacrée à un thème qui fait l’actualité européenne, puisque la Commission a publié début juillet un projet de règlement relatif aux plantes et produits issus des nouvelles techniques de sélection variétale.
Benoit YOT, directeur région Champagne Bourgogne a présenté son rapport d’activité avant de laisser place à la table ronde :
« Les nouvelles techniques génomiques (NGT) au service de l’agriculture, de l’environnement et du climat. Comment dépasser les malentendus pour que l’amélioration des plantes relève les nombreux défis lancés à l’agriculture ?»
Anne SANDER (Députée Européenne), Bruno DEQUIEDT (DG SESVanderHave), Gil RIVIERE-WEKSTEIN (Journaliste, rédacteur d’« agriculture et environnement»), Renaud d’HARDIVILLIERS (rédacteur en chef adjoint du Betteravier Français et animateur de la table ronde) ont dressé un large tour d’horizon du sujet sous les angles politiques, scientifiques et sociétaux.
Les conférenciers nous ont emmenés sur des enjeux plus ouverts que les moyens de production, comme notre souveraineté alimentaire et énergétique, mais aussi l’économie de nos territoires ruraux et le pouvoir d’achat de nos concitoyens. Ils se sont attachés, avec pédagogie, à vulgariser auprès des agriculteurs présents, à la fois les techniques d’obtentions génétiques, les courants de pensées de la société et le fonctionnement de nos institutions européennes.
La nécessité de faire de la pédagogie auprès du grand public a été soulignée à plusieurs reprises. Afin de répondre aux craintes exprimées par l’opinion, il est essentiel de vulgariser davantage la science en générale et la génétique en particulier avec des informations objectives et complètes. Les avancées de la recherche en matière d’amélioration des plantes sont une véritable source d’espoir : elles bénéficieront au plus grand nombre et seront autant d’atouts pour composer avec les conséquences du réchauffement climatique.
Ainsi chacun a pu prendre conscience que comprendre et s’approprier ces sujets, permet d’être mieux armés dans un rôle d’ambassadeur des questions agricoles.
Les NGT sont-ils des OGM ? Question de sémantique et de définition des techniques
Les termes de NGT et d’OGM sont un peu trompeurs. Il faut différencier d’une part, les types de modification du génome, comme la mutagénèse ciblée, la cisgénèse ou la transgénèse, et d’autre part, les outils utilisés, comme le ciseau moléculaire, qui fait partie des NGT. Le débat sur les NGT est en fait le débat sur la mutagénèse ciblé et la cisgénèse, obtenues avec la technique NGT.
À noter que les NGT pourront être utilisées pour faire de la transgénèse dans les pays qui autorisent ce type de mutation génétique.
Une fois que l’on a dit cela, on peut se demander si la mutagénèse ciblée et la cisgénèse sont des OGM. Tout dépend du point de vue.
Certains choisissent d’affirmer que les NGT ne sont pas des OGM, afin de ne pas effrayer l’opinion publique qui a une vision faussée de la signification du terme OGM.
Selon Gil RIVIERE-WEKSTEIN, les variétés issues de mutagénèse ciblée ou de cisgénèse (via les NGT) sont des OGM d’après la directive 2001/18, mais ce n’est pas un problème.
Pour certains scientifiques, tout est OGM, puisque la modification du génome est à la base de la biodiversité.
La confusion entre la mutagénèse ciblée et la cisgénèse d’une part, et la transgénèse d’autre part est à l’origine d’un débat qui surfe sur les peurs. Mais il faut noter que la principale différence est que, dans le premier cas, on n’apporte pas de gène d’une autre espèce (sauf d’une espèce dite « compatible », c’est-à-dire une espèce avec qui le croisement est naturel). Dans la transgénèse, il y a bien un transfert de gène entre deux espèces différentes.
Selon Fabien NOGUÉ, directeur de recherche à l’INRAE, les variétés obtenues par mutagénèse ciblée ou par cisgénèse ne présentent ni plus, ni moins de risque que celles obtenues par sélection traditionnelle.
Les principaux messages :
Bruno DEQUIEDT, rappelle que l’espace-temps est incontournable en matière de sélection variétale. Par conséquent, il est capital de maintenir une palette complète de moyens de production, afin d’éviter les impasses techniques, lourdes de conséquences.
Les interventions d’Anne SANDER ont mis en évidence que les décisions politiques en matière agricole sont, dans leur grande majorité, prises au niveau européen. C’est pourquoi l’influence de nos organisations professionnelles et syndicales doit demeurer forte. Elle repose sur des moyens financiers et d’expertise, mais aussi sur nos convictions et notre engagement individuel.
Enfin, Gil RIVIERE-WEKSTEIN a impulsé un message positif, en nous invitant à être audacieux et à s’appuyer sur la force du collectif agricole pour faire la promotion de nos solutions, au service de l’agriculture et de l’environnement.