Semis tardifs, manque d’ensoleillement, précipitations abondantes, forte pression de la...
Nous y sommes, c’est la première année sans néonicotinoïdes pour notre filière betteravière après la catastrophe de la campagne 2020. Ne l’assimilons pas à un grand saut dans le vide, car le gouvernement nous a prêté un élastique en annonçant fin janvier qu’il garantirait financièrement chaque planteur pour les pertes de rendement dues à la jaunisse, seulement les pertes jaunisse, mais toutes les pertes jaunisse. Merci à nos instances gouvernementales actuelles d’assumer la décision prise par un autre gouvernement en 2016 d’interdire totalement les néonicotinoïdes, malgré le fait que leur usage sur les betteraves n’a jamais perturbé un pollinisateur, a fortiori depuis que le semis des cultures suivantes, potentiellement attractives, a été retardé sur recommandation de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Nous avons hâte de connaître la solidité de l’élastique !
Pour autant, nous allons tous aborder cette nouvelle campagne avec vigilance et conviction. En effet, notre métier de planteur est de produire des betteraves riches en sucre, et de les livrer en quantité aux fabricants pour que chaque sucrerie française soit compétitive. Vigilance, et cela dès maintenant, car les pucerons semblent avoir décidé de revenir à la charge en 2023, comme d’habitude ; décidément, eux non plus n’entendent pas les affirmations de certaines ONG environnementales, c’est bien dommage. À chacun de suivre attentivement et quotidiennement l’évolution de leur présence sur l’Outil d’aide à la décision (OAD) « alerte pucerons » sur le site de l’ITB ; ses experts vous alerteront sur le niveau du risque localement, à travers leurs observations dans un réseau de plus de 200 parcelles. Mais anticiper en allant déjà observer sa propre parcelle ne peut pas nuire au succès du contrôle de ces bioagresseurs. Conviction, car nous avons tous constaté ces deux dernières années que les moyens de lutte chimique mis à notre disposition ont été assez efficaces ; en effet, les planteurs qui avaient décidé de ne pas utiliser de néonicotinoïdes en 2021 (10 % de la sole betteravière) et en 2022 (17 %), s’en sont globalement bien sortis avec pas ou peu d’impact jaunisse sur leur rendement, même s’ils ont aussi subi en 2022 l’impact de la sécheresse. Les produits Teppeki et Movento sont plutôt efficaces s’ils sont utilisés à bon escient, en respectant les seuils d’intervention, à la condition que l’abondance des pucerons soit moindre qu’en 2020. Nous avons appris depuis trois ans que ce n’est pas seulement la date d’arrivée précoce des pucerons verts qui est à craindre, mais bien plus encore leur abondance qui est à redouter. Le Plan national de recherche et d’innovation (PNRI) poursuit aussi des recherches pour quantifier cette abondance de manière prévisionnelle, afin d’adapter demain si possible les solutions préventives à mettre en œuvre.
Personne n’est capable de prédire le résultat de l’année betteravière 2023, même si le retard de certains semis est déjà un handicap pour le potentiel. Bien sûr, les prix actuels du sucre sont des signaux encourageants, et ils ont sans aucun doute contribué à limiter la baisse des surfaces françaises. Mais la filière retient son souffle car elle souffrirait significativement des conséquences d’une énième mauvaise année.
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