On se souvient de la flambée du mois de septembre, lors duquel le marché du sucre a pris 20 % en...
Que de records en ce début avril ! Le sucre roux dépasse les 22 cts/lb, une valeur que l’on n’avait pas vue depuis 2016. Le sucre blanc est encore plus en forme, au-delà de 630 $/t, un record depuis 2012 !
Une succession de nouvelles ont conduit à cette flambée amorcée la dernière semaine de mars. L’OPEP, qui regroupe les pays exportateurs de pétrole, a annoncé une réduction des volumes de production et, en quelques jours, le pétrole a de nouveau côtoyé les 85 $/baril. Et cette annonce s’est télescopée avec celle en provenance de Brazilia : remontée de la taxation de l’essence – favorisant par ricochet le bioéthanol – à 1,45 BRL/l dans tous les États brésiliens à partir du 1er juin, soit une augmentation de 0,2 à 0,6 BRL/l selon l’État concerné. Résultat : les analystes ont revu leur estimation d’allocation de la canne à sucre vers l’éthanol, en réduisant les prévisions de production du géant sud-américain qui ouvre tout juste sa campagne 2023-2024.
De l’autre côté du globe, le son de cloche est proche. Fin mars, le Maharashtra, premier État producteur de sucre en Inde, annonce que sa campagne, déjà avancée des deux-tiers, ne produira pas plus de 10,8 Mt, soit 16 % de moins qu’attendu. Et le Guangxi, principale région productrice chinoise, n’anticipe pas plus de 5,2 Mt, soit une baisse de 14 % par rapport à l’an dernier.
Bref, les bilans mondiaux de 2022-2023 (octobre à septembre) sont largement revus à la baisse. S&P, qui prévoyait il y a deux mois un excédent mondial de 2,7 Mt, le chiffre désormais à 0,0 Mt ! Et l’Australien Green Pool a la même vision. Sur le plus long terme, la tendance n’est pas près de s’inverser : S&P a publié son premier bilan prévisionnel 2023-2024 à nouveau à l’équilibre (+ 0,6 Mt) et Green Pool anticipe, lui, un déficit qui pourrait atteindre 5 Mt !
Du côté européen, le marché est également euphorique. La Commission européenne a publié les chiffres de vente de sucre en février dernier, à une moyenne de 788 €/t sortie usine pour la région incluant la France. La demande se tient : l’autorisation d’importer quelques 35.000 t en provenance du Brésil a été demandée à la Commission européenne en avril, alors que cette provenance doit payer presque 100 €/t de droits de douane (droits dits CXL).
Et on ne voit pas de tendance à la décrue. Avec une hausse moyenne des surfaces de l’Union européenne qui n’atteindra pas 1 %, il faudrait que chaque pays dépasse son rendement moyen quinquennale de 8 à 10 % pour que l’Union soit à l’équilibre. Impossible compte-tenu des nouvelles règles sur les néonicotinoïdes : il faudra donc compter, à nouveau, sur les imports, qui devraient dépasser les 2,2 Mt sur la campagne prochaine… à condition de trouver des disponibilités. L’Ukraine montre déjà son intérêt : le pays augmente ses surfaces de plus de 20 %. A voir si cela suffira, car les provenances habituelles (notamment Maurice ou Fidji) ne montrent pas de signe de reprise.
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