Alors que l’Europe retrouve la guerre sur son continent, que l’inflation alimentaire est galopante, signe que nos dépendances sont croissantes et que notre vulnérabilité énergétique est actuellement béante… La commission européenne poursuit son ambition funeste de décroissance pour notre agriculture, sous couvert d’écologie.
Le 22 juin dernier, la Commission publiait un paquet en faveur de la protection de la nature comprenant une proposition de règlement relatif à l’utilisation durable des pesticides (SUR selon l’acronyme anglais). D’application directe en droit national, l’objectif est clair et traduit pour la première fois juridiquement les contraintes proposées dans le cadre du Green Deal : – 50 % de produits phytosanitaires en 2030 par rapport à la moyenne 2015-2017. Ajoutons, en complément, un accroissement de la contrainte administrative et une possible remise en question des enrobages des semences. Naturellement pas d’études d’impact, pas de moyens mis en face, si ce n’est de nous renvoyer une nouvelle fois vers la PAC qui commence à avoir le dos large … Et, évidemment, sans réciprocité réelle vis-à-vis de nos importations.
Alors que penser, que dire, que faire quand le vice-président de la Commission européenne indique que « sans réduction des pesticides, nous aurons une crise alimentaire en Europe », sinon lui rétorquer que c’est surtout par l’absence de capacité à protéger nos cultures que cette crise alimentaire interviendra. Et cela peut être rapide. Nos voisins néerlandais connaissent des manifestations agricoles par rapport à un plan gouvernemental, pour réduire drastiquement les émissions d’azote menaçant d’impasse certains systèmes d’exploitation.
La verticalité et la radicalité de ce type de politique publique conduisent à l’incompréhension, à l’exaspération et, finalement, à l’impasse. Dans ce sillage, les derniers arbitrages français nous préoccupent. La réaction politique française face à la publication du dernier paquet européen a été plus que timorée alors qu’elle bravait la demande du Président de la République de combiner les objectifs environnementaux du Pacte Vert et la mission nourricière de notre agriculture. Par ailleurs, les derniers arbitrages du PSN accroissent les contraintes quand l’évolution du cahier des charges HVE va à l’encontre de la poursuite de la diffusion de cette démarche de progrès… Il est urgent que ces politiques publiques retrouvent leur boussole : réussir la transition environnementale ne peut se réaliser en dépit des réalités de terrain, agronomiques, de marché et surtout en acculant les agriculteurs dans des impasses technico-économiques. Le contexte géopolitique actuel n’appelle pas à un choc de « dérive normative » mais bien à un choc de « moyen de production ».
Dans cette perspective, il ne serait pas inutile de s’interroger sur les voies et les moyens de revisiter notre calendrier européen relatif aux nouvelles techniques de sélection variétales pour que le continent à la plus grande ambition de transition écologique ne soit pas l’un des derniers à en adopter l’un des principaux leviers.