On se souvient de la flambée du mois de septembre, lors duquel le marché du sucre a pris 20 % en...
Les marchés à terme du sucre ont dévissé de 3 % en avril. On peut d’abord y voir une raison technique. Les termes proches ont été modifiés : le plus proche, pour le sucre brut, est désormais juillet 2022 et, pour le sucre raffiné, août 2022.
Mais c’est surtout du côté des parités monétaires qu’il faut se pencher. Le dollar a gagné en robustesse sur le mois, et presque toutes les monnaies des grands pays exportateurs en ont souffert. Le Brésil a ainsi vu sa monnaie perdre presque 6 % de sa valeur, anéantissant les gains qu’elle avait accomplis ces deux derniers mois.
Mais, grâce à la hausse du pétrole (+2,5 % sur le mois), les effets sur l’éthanol domestique brésilien ont été limité (+2 % en BRL), et les sucriers brésiliens valorisent toujours mieux la canne via ce débouché qu’ils ne le feraient avec un sucre vendu 20 cts/lb sur le marché mondial. D’ailleurs, la fédération des producteurs de sucre brésilien vient de publier son premier rapport quinquennal de la campagne qui a débuté le 1er avril dernier, et, malgré une entrée très timide en campagne (entre le 1er et le 15 avril, le volume de canne transformé a été inférieur de 66 % à celui transformé à la même époque, l’an passé), l’allocation vers l’éthanol est à un maximum : 74 % sur la quinzaine, contre 61 % sur la même quinzaine, l’an passé !
Cela n’a pas empêché le sucre de dévisser. Car les excellents rendements en Inde ont conduit le gouvernement à revoir à la hausse son potentiel d’exportation sur la campagne en cours (octobre 2021-septembre 2022) à 10 Mt. Les spéculateurs ont vu cela d’un œil inquiet, et ont réduit leurs positions à l’achat de presque 1,5 Mt, pour atteindre désormais 5 Mt – un niveau qui reste conséquent.
Du coût, le sucre brut peine à se maintenir à 19 cts/lb – une valeur moindre par rapport au potentiel de soutien brésilien. Et quand on regarde la hausse des cultures alternatives sur le mois (le maïs a encore prix 7 %, le soja 6 % et le blé 5 %), on peut se demander si la situation est durable. Car ces cultures alternatives n’impacteront pas seulement la surface betteravière mondiale, mais aussi la cannière : le Brésil vient d’indiquer qu’il a perdu, l’an dernier, 3,5 % de sa surface cannière du fait de la compétition du maïs et du soja…
Du côté européen, l’impact des marchés mondiaux reste tempéré par la contractualisation en place : la dernière valeur disponible est celle du sucre commercialisé en mars dernier, à 436 €/t. La progression est lente, mais représente tout de même + 12 % sur un an. Cela dit, les utilisateurs de sucre qui ne sont pas couverts contractuellement devront payer le double effet d’un sucre mondial cher et d’un fret en explosion (multiplié par deux par rapport à l’an passé !) : on parle de valeur autour de 800 €/t rendu utilisateurs !
D’ailleurs, la base des négociations, pour les ventes de sucre 2022-2023 (celui issu des betteraves tout juste semées) se situeraient autour de 700-750 €/t. Une belle hausse, certes, mais qui ne devrait finalement que couvrir la hausse des coûts de l’industrie sucrière (autour de 35 à 45 % selon la politique d’achat du gaz) et de l’exploitant agricole (autour de 15 à 20 %, du fait de la hausse du fuel et de l’explosion des engrais)…
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