Paris, le 10 décembre 2021 – Lors de l’Assemblée Générale de son centenaire à la Maison de la Chimie, la CGB a rappelé notamment dans le cadre de sa table ronde l’importance de l’innovation pour éviter les impasses agronomiques, répondre à l’urgence de décarboner notre économie tout en protégeant les agriculteurs face aux enjeux d’adaptation et de transformation. Franck Sander, Président de la CGB a remis à cette occasion au ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, un livre blanc[1] portant 20 propositions pour consolider les perspectives betteravières à l’horizon 2030 et faire de la betterave un véritable levier de souveraineté alimentaire, énergétique, sanitaire, industrielle et de lutte contre le changement climatique dans les territoires. Forte de 100 ans d’histoire et le regard tourné vers l’avenir, la CGB porte ces propositions pour accélérer l’innovation betteravière afin d’assoir notre souveraineté et de répondre au défi climatique.
La culture de la betterave est soumise au changement climatique et à une pression sanitaire croissante avec la cercosporiose, la jaunisse ou encore le charançon. Dans l’attente des premiers résultats concrets du Plan National d’Innovation et de Recherche sur la jaunisse d’ici 2024, la CGB sollicite une nouvelle dérogation pour pouvoir utiliser les néonicotinoïdes en enrobage de semences pour les semis 2022. La CGB appelle de ses voeux la duplication de ce type de programme d’innovation collaboratif prioritaire pour le charançon dont la pression s’exerce maintenant au nord de la Seine et dont les ravages sont de nature à fragiliser voire réduire des bassins betteraviers. Il est capital de s’organiser pour apporter des réponses aux impasses agronomiques et ne plus les subir.
Par ailleurs dans le cadre de l’objectif de neutralité carbone porté par l’Union européenne à l’horizon 2050, il s’agit de donner les moyens au secteur agricole d’apporter sa pleine contribution : structurer un modèle économique dont les axes prioritaires sont la labellisation bas carbone agricole qui permette de relocaliser les achats de crédits carbones, accompagner le développement du bioéthanol et du biogaz comme solutions matures pour décarboner transports et chauffage. Les constructeurs automobiles français sont ainsi appelés à accompagner la croissance du seul carburant renouvelable et Made in France en proposant une gamme de véhicules flex-E85. De même, les betteraviers souhaitent la mise en place de partenariats avec le transport aérien pour la compensation carbone.
Ces transitions doivent toutefois être accompagnées par une ambitieuse politique de gestion des risques. La première étape passe par des contractualisations associant l’ensemble de la chaine de valeur tel que prôné par la loi EGA-2, dont la filière doit s’emparer : depuis la fin des quotas et 4 campagnes sucrières marquées par un prix européen du sucre sous le seuil de référence, la filière française a enregistré un manque à gagner de près d’1 Md €.
Ce constat milite pour une révision en profondeur de notre contractualisation. La CGB partage ainsi pleinement les propos du ministre qui affirme avec force « Je suis sûr que cette loi Egalim-2 est une opportunité ».
Pour innover, il faut investir et investir requiert de la visibilité économique. C’est pourquoi en matière de gestion des risques, la CGB soutient l’abaissement à 20 % de la franchise de l’assurance récolte et appelle à l’établissement d’une feuille de route nationale ambitieuse pour mieux gérer les risques sanitaires. Enfin la stratégie agricole française doit tenir compte de notre environnement concurrentiel et mondialisé. De ce point de vue, la CGB exige une cohérence entre nos normes sociales et environnementales internes et notre politique commerciale. La réciprocité ou dit autrement « les clauses miroirs » pour assurer une équité entre l’alimentation que nous produisons et celle que nous importons est essentielle pour notre agriculture et nos concitoyens. Pour cette raison, le sucre de canne doit faire partie des produits à inclure dans la réglementation européenne en discussion visant à prévenir la déforestation importée.
En clôture de l’Assemblée Générale de la CGB, Franck Sander a tenu à rappeler qu’ « après 100 ans d’existence, la CGB porte une ambition forte d’accélération de l’innovation dans son secteur sous toutes ses formes qu’elle soit contractuelle, agronomique ou pour répondre aux enjeux climatiques et de biodiversité. Il y a urgence à innover dans notre filière, c’est notre devoir pour le renouvellement des générations, quand on sait que d’ici 10 ans la moitié d’entre nous aurons transmis leur exploitation à des plus jeunes. »
La CGB remercie le ministre de l’agriculture qui a rappelé qu’il fallait « Maintenir la souveraineté sucrière française, elle est impérieuse ». Cette citation vient incarner l’appui qu’il apporte à la filière depuis le début de son mandat.